Des chants nazis entonnés dans les rues de Tours ? Cela semble d’un autre temps… Et pourtant, c’est ce qui s’est passé le 11 novembre 2024 lors d’une marche aux flambeaux du groupuscule Des Tours et des Lys (DTDL) pour la Saint-Martin.
DTDL, un groupe bien connu pour des actions violentes et des tags islamophobes dans l’agglomération tourangelle, organise depuis deux ans une marche pour la Saint-Martin, ancien évêque de Tours. De quoi raviver la flamme des catholiques monarchistes de l’Action française, mais pas seuleme,t. Nous trouvons dans ces marches des membres d’organisations d’extrême droite bien connues dans le Grand Ouest : de l’Alvarium d’Angers, des anciens du mouvement les Turons jusqu’à des membres de la Fraternité Saint-Pie X. Tous et toutes derrière « l’héritage de la France ». Héritage monochrome, pour changer.
L’antifascisme populaire vaincra
Pour contrer cette nouvelle édition de la marche, qui aura certainement lieu le 8 ou le 9 novembre 2025 (date encore à confirmer, car dépôt de leur marche tardif et secret), des organisations politiques, syndicales et associatives se sont associées pour organiser conférences et manifestations afin de ne pas laisser la place à l’extrême droite. Le Réseau antifasciste de Tours, dont est membre le NPA, organise donc la riposte. Parce que la lutte doit se faire unitaire, tout le milieu tourangeau — des associations d’aide aux migrant·es aux syndicats — est invité à venir assister le 8 novembre à des discussions sur comment faire front, au Centre de vie du Sanitas, l’un des quartiers de France hexagonale avec le plus haut taux de pauvreté.
Bien sûr, une manifestation est prévue, mais la police grince déjà des dents. Une des organisatrices de l’événement est passée au commissariat le 24 octobre afin de « s’expliquer » et « éviter tout débordement ». Rappelons que la violence, ce n’est pas de protester contre des chants nazis, mais bien de les prononcer.
Le soutien institutionnel, avec des effets ?
L’édition 2024 de la marche a vu une indignation générale des élu·es d’Indre-et-Loire, en particulier du maire EELV Emmanuel Denis. Celui-ci affirme vouloir ne pas laisser le champ à l’extrême droite dans sa ville. Pour autant, cela a-t-il été suivi d’effets ? Pas de participation, et quand vient la Nuit du bien commun organisée par le milliardaire d’extrême droite Pierre-Édouard Stérin, il publie seulement un post pour dénoncer qu’une association proche de la mairie ait reçu des fonds privés.
Tout dans le feutré. Cela peut fonctionner pour paraître modéré auprès des conseillers régionaux de droite, peut-être pas pour affirmer que l’extrême droite n’a pas sa place dans la culture ni ailleurs. Est-ce que cette technique fonctionnera pour que l’extrême droite ne monte pas ? On verra bien le nombre de participant·es à la marche aux flambeaux. Ce qui est sûr, c’est que cette technique revient à délaisser le terrain de la rue et du travail au profit de la bienséance des institutions.
Face à la menace, une impasse dans l’interdiction
Des organisations se sont vite empressées de proposer l’interdiction de Des Tours et des Lys ; ce fut notamment le cas du Mouvement des jeunes communistes français d’Indre-et-Loire. On peut le comprendre : leur secrétaire, Astrid Gonzales, est depuis un an la victime de harcèlement physique comme en ligne, sur ses positions antifascistes et communistes, subissant insultes sexistes et menaces de mort. Nous réitérons notre soutien à cette camarade dont la ferveur militante lui vaut d’avoir été mise sous protection policière face à ces attaques.
Cependant, cette demande est un désaveu stratégique. Comment lutter de manière populaire contre le fascisme si nous en appelons aux préfectures et à la justice bourgeoise ? La même qui, en juin dernier, a dissous la Jeune Garde et a tenté de faire de même avec les Soulèvements de la Terre après Sainte-Soline. La réponse se trouve dans la rue et dans nos lieux de travail et d’étude. Les intérêts patronaux et corporatistes, à l’opposé des intérêts de notre classe, sont de plus en plus visibles au sein de l’extrême droite : nous devons les dénoncer de manière vigoureuse et étayée.
Alors, dans la rue, soyons nombreuSES de toute la France à nous préparer à manifester contre la marche aux flambeaux de Des Tours et des Lys.
Nathalia Renaudin, pour le comité Tours-Agglo