Publié le Jeudi 2 octobre 2025 à 09h00.

Italie : La grève générale pour arrêter le génocide en Palestine

Le 22 septembre dernier, l’appel à la grève générale pour Gaza lancé par l’USB (l’Union des syndicats de base) a été couronné de succès. Un million de personnes ont manifesté dans plus de 80 villes italiennes. La grève a été particulièrement suivie dans les secteurs de l’éducation et des transports maritimes et ferroviaires, s’articulant à différentes actions de blocage des axes routiers.

La journée de grève générale du 22 septembre en Italie constitue un saut qualitatif dans la mobilisation en solidarité avec le peuple palestinien. L’horreur du génocide et le dégoût provoqué par la complicité du gouvernement d’extrême droite en Italie ont explosé dans un mouvement de masse très large qui a impliqué et rassemblé bien au-delà des milieux militants. La puissance extraordinaire de cette journée contribue à creuser encore plus la fracture entre le silence coupable des classes dominantes au pouvoir et la rébellion politique et morale des populations internationales face aux massacres, à la famine et au nettoyage ethnique que le peuple palestinien endure depuis bien trop longtemps.

Les raisons du succès

Si la forte participation était loin d’être acquise, les mobilisations de ces derniers mois sur tout le territoire national et l’initiative de solidarité et d’aide de la Flottille ont créé les conditions pour que la date du 22 devienne le jour de la grève générale pour Gaza, un jour auquel tout le monde pouvait se référer et dans lequel on pouvait se mettre en mouvement d’une façon unitaire.

La jeunesse étudiante, qui avait été en première ligne dans la promotion du boycott universitaire et de la solidarité avec la Palestine, s’est encore une fois mobilisée massivement. D’autres secteurs ont certainement constitué des points d’appui pour la mobilisation, comme les dockers de Gênes qui avaient été à l’origine du blocage des cargaisons d’armes en direction d’Israël et qui avaient animé la grande mobilisation de la ville en soutien à la Global Sumud Flottilla. Leur mot d’ordre « Si on touche à la flottille, on bloque tout ! » a été scandé partout dans le pays, de Naples à Turin, de Gênes à Palerme, de Florence à Bologne, par beaucoup de jeunes, de femmes, de travailleurEs, mais aussi par beaucoup de personnes plus âgées qui ont recommencé à croire en la possibilité de rejeter les politiques capitalistes et coloniales des classes dominantes.

La grève pour lutter contre le génocide

L’autre élément marquant a été le choix de l’outil de la grève pour monter en intensité dans la lutte concrète contre le génocide. Une grève qui a été initiée par un syndicat de base, l’USB (et reprise par d’autres syndicats de base) qui n’avait pas toujours su exprimer une vocation unitaire et des modalités inclusives, mais qui a mieux compris que d’autres l’état d’esprit et le sentiment d’indignation de plus en plus fort qui traverse notre camp social. Selon Sinistra Anticapitalista, « la grève a été reconnue comme le seul moyen utile pour avoir un impact, ou du moins pour essayer, dans un contexte marqué par les pratiques génocidaires du gouvernement israélien, la complicité flagrante des partis de droite au pouvoir, la réticence — qui n’a été ébranlée que récemment — de la CGIL et du centre-gauche à appeler les choses par leur nom ».

S’il est difficile de chiffrer le taux de participation à la grève, il est important de souligner le rôle moteur des secteurs des transports ferroviaires et maritimes, de certains secteurs de l’emploi public et surtout de l’éducation nationale. 

Une tâche difficile s’annonce : celle de renforcer et d’élargir ce mouvement sur les lieux de travail, dans les quartiers et dans les villes, celle de construire un mouvement de masse toujours plus fort contre les guerres impérialistes et coloniales, contre les politiques d’austérité et de réarmement qui écrasent les plus faibles et créent les conditions de la guerre.

Hélène Marra