La crise des réfugiéEs met à cran la classe politique institutionnelle... Mais, curieusement, le sujet n’a pas mobilisé les foules le 16 septembre dernier à l’Assemblée nationale. Et c’est devant un hémicycle bien vide que le débat sur l’accueil des réfugiéEs en Europe et en France a eu lieu.
À moins de trois mois des élections régionales qui s’annoncent comme une énième débâcle pour le PS et pourraient voir une nouvelle percée du Front national, Valls a au cours de ce débat tenté de démontrer que le gouvernement ne pouvait être suspecté de laxisme sur la question des réfugiéEs… en s’adressant en priorité à la droite.
Au-delà du rappel de l’engagement d’accueillir 24 000 réfugiéEs en deux ans, Valls a surtout insisté sur les mesures de contrôle de l’immigration. Ainsi, il a égrené les résultats enregistrés par son gouvernement sur la lutte contre l’immigration irrégulière et annoncé la création de 900 postes dans la police aux frontières. Il a joué la carte de la concurrence des misères, déclarant que « la solidarité, c’est garantir l’accueil des demandeurs d’asile mais (que) cette solidarité ne peut pas dégrader la situation de celles et ceux de nos concitoyens qui sont en difficulté », et indiquant qu’il n’était pas question d’ouvrir grand les frontières...
Par la voix de Valérie Pécresse, la droite, quasiment absente de l’hémicycle, a une nouvelle fois labouré sur le terrain du FN en appelant pêle-mêle à « refonder les accords de Schengen » ou à « s’assurer que ceux qui rentrent sur notre territoire ne sont pas fichés par nos services », entretenant ainsi la légende selon laquelle des bataillons de terroristes se cacheraient parmi les réfugiéEs. Pécresse a appelé, à l’instar de Nicolas Sarkozy, à trier entre « réfugiés de l’oppression », « réfugiés de guerre (qui) doivent être accueillis temporairement et ont vocation à rentrer chez eux » et « migrants économiques que nous n’avons plus la capacité d’accueillir »...
Dynamiques politiques néfastes
Les seuls discours différents sont venu des rangs des écologistes et des députés du Front de gauche. André Chassaigne a indiqué qu’il était de « notre devoir de les accueillir », demandant la création de « davantage de moyens légaux pour parvenir en Europe », ainsi que l’amélioration de « la couverture des principales routes méditerranéennes en matière de secours ». Mais, malgré ce discours fort heureusement plus à gauche des députés du Front de gauche, on est quand même loin de la défense de la seule revendication possible, celle de l’ouverture des frontières et de la liberté de circulation.
Ce débat parlementaire est bien loin des enjeux de la situation, mais aura tout de même été l’illustration des dynamiques politiques à l’œuvre : une fois de plus, la droite court derrière l’extrême droite, et la gauche derrière la droite, le seul gagnant de tout cela étant le FN.
Les migrations de centaines de millions d’hommes et de femmes dans le monde (plus de 200 millions en 2014) sont un phénomène durable qui ne concerne d’ailleurs que marginalement la France et l’Europe. Face à cette situation, la seule exigence possible, disons-le réaliste, est bien l’ouverture des frontières, la liberté de circulation et d’installation. C’est cela que nous défendrons à l’occasion de la manifestation unitaire du 4 octobre prochain, loin de l’Assemblée, dans la rue.
Sandra Demarcq