Champlan (Essonne), Saint-Gilles (Gard), Lille (Nord)... En peu de jours, à peine sortis des « fêtes », trois illustrations de la situation des Roms.
Christian Leclerc, le maire de Champlan, a refusé l’inhumation d’un bébé dans le cimetière de sa commune. Maria Francesca, âgée de deux mois et demi, est décédée dans la nuit de Noël à l’hôpital de Corbeil-Essonnes. Sa famille vit avec une trentaine d’autres sur un terrain de Champlan. Les parents payaient les frais d’inhumation et le prix de la concession... Mais le maire ne l’a pas voulu. Maria Francesca a été finalement enterrée à Wissous le 5 janvier.
« Voilà que les familles Roms sont une nouvelle fois menacées d’évacuation et d’expulsion ! Mais pour aller où ??? » Voilà ce qui se disait le 5 janvier au rassemblement devant le tribunal administratif de Nîmes (Gard) pour soutenir des familles Roms menacées d’expulsion. Elles vivent depuis février dernier sur la route de Saint-Gilles. Leur expulsion pour occupation sans droit ni titre est demandée. Le collectif de soutien aux familles réclame un relogement stable et durable.
Le 4 janvier, une cinquantaine de personnes se sont rassemblées à la gare de Lille-Flandres en hommage au bébé rom de deux mois et demi décédé jeudi dans ce même lieu. Un communiqué a été lu, soulignant les conditions de vie de la famille de la petite Francesca qui vivait dans un baraquement non loin de la gare. « Les services sociaux avaient alerté les pouvoirs publics sur la précarité de cette situation et demandé une mesure d’hébergement. Ce signalement est resté sans suite et sans réponse », indique le communiqué qui réclame « l’ouverture de davantage de places d’hébergement d’urgence ».
Le cas de Champlan a soulevé le plus d’émotion dans les médias et chez les politiciens. Même le Front national s’est senti obligé de condamner le maire... Mais le racisme envers les Roms et le refus de créer les conditions d’une vie décente pour eux et leurs enfants vient des sommets de l’État. On se souvient du discours de Grenoble de Nicolas Sarkozy en 2010 dénonçant les Roms. Manuel Valls s’était engagé personnellement dans une campagne contre les Roms lorsqu’il était ministre de l’Intérieur, fournissant des justifications aux expulsions de leurs campements. Isoler une population sous prétexte qu’elle serait différente est inadmissible, et conduit progressivement aux pires horreurs...