Publié le Samedi 7 mai 2016 à 13h18.

Sotteville-lès-Rouen (76) : « Chaîne humaine » pour une famille arménienne

Fin mars, les enseignantEs des collèges Jean-Zay et Émile-Zola découvrent que les parents de deux élèves, frère et sœur, scolarisés respectivement en quatrième et en sixième dans ces deux établissements, sont menacés d’expulsion.

Le père et la mère sont arméniens et ont aussi un garçon de 18 mois. Depuis le 8 mars, ils sont assignés à résidence et doivent signer une fois par semaine au commissariat de police. C’est en général l’antichambre de l’expulsion.

Le choc est rude pour les enseignantEs, puis pour les parents d’élèves, puisque rien ne pouvait laisser imaginer cette situation d’urgence pour ces élèves, scolarisés depuis 4 ans et parfaitement intégrés dans leur classe et leur collège. D’autant que toute la famille proche (les grands-parents, les deux oncles et leur famille) vivent dans l’agglomération rouennaise et sont régularisés depuis longtemps déjà en raison des menaces qui pèsent sur la communauté yézide en Arménie.

Pas d’expulsion !

Avec l’aide de RESF (Réseau éducation sans frontières), un comité de soutien est rapidement créé juste avant les vacances de Pâques. Il organise un relais de présence pendant les vacances scolaires et se montre très actif et réactif. Pendant les vacances scolaires sont signées des pétitions sur les marchés, plus d’un millier de signatures, deux rassemblements d’une cinquantaine de personnes devant la préfecture, conférences de presse... Lundi 11 avril à 8 heures, le comité réussit à mobiliser dans l’urgence pour empêcher l’expulsion de la famille par trois policiers de la Police de l’air et des frontières qui ont la surprise de trouver plus de quarante personnes pour les accueillir...

À force d’insistance, un rendez-vous est obtenu à la préfecture avec le directeur de cabinet de la préfète vendredi 15 avril. Malgré des signes d’apaisement donnés par la préfecture, l’action « chaîne humaine » prévue pour le mercredi 20 avril est maintenue. Ainsi, le midi, à l’heure de sortie des cours des collèges, enseignantEs, parents d’élèves, élèves, soutiens se sont retrouvés à 450-500 pour former une chaîne humaine entre les deux collèges.

Un vrai succès, un moment fort, émouvant, montrant concrètement que dans ce pays existent la solidarité, une résistance à l’injustice et au sort honteux réservé aux migrantEs. La mobilisation est maintenue pour continuer à protéger la famille.

Correspondante