Il y a plein d’expositions de très haute qualité que l’on peut voir hors de Paris. Alors, pour ne pas céder au centralisme parisien voici quelques expositions à découvrir. Même si nous n’avons pu les voir personnellement, par les sujets abordés ou du fait des artistes exposéEs, elles ont retenu notre attention et elles permettent surtout à nos lecteurEs vivant et travaillant dans l’hexagone, qui n’ont pas le temps ou les moyens d’aller à Paris, de découvrir l’art moderne et contemporain. Et son actualité ! Deuxième panorama du nord au sud et d’est en ouest.
L’Esprit d’une collection : les donations
Saint-Paul-de-Vence, Fondation Maeght, jusqu’au 16 juin.
Le parcours de l’exposition permet de redécouvrir des œuvres d’artistes majeurs du 20e siècle comme des œuvres d’artistes plus contemporains, toutes représentatives des liens d’amitié et de plus de 50 années d’histoire de la Fondation Maeght. Ce nouvel accrochage permet également de dévoiler des œuvres, inédites ou présentées lors d’expositions temporaires, entrées dans la collection ces dix dernières années grâce aux dons, entre autres. Une belle traversée de l’art moderne et contemporain à travers 125 œuvres et plus de 80 artistes exposéEs.
Cécile Bart, Effet d’hiver
Rennes, Frac Bretagne, jusqu’au 10 mars.
Cécile Bart est une des artistes majeures de l’abstraction aujourd’hui. En forgeant à la fin des années 1980 ce qui deviendra son outil privilégié, les peintures/écrans, elle a ouvert une voie nouvelle au monochrome, au mode d’apparition des images et à la notion même d’exposition. L’exposition propose un parcours montrant les différents registres de son œuvre : peintures/écrans, peintures/collages, Lisses et, plus récemment développées, les images, qui combinent images fixes, images animées et surfaces colorées.
Promenades et souvenirs
Amiens, Frac Picardie, jusqu’au 9 mars.
Joëlle Pijaudier-Cabot, commissaire invitée, propose un parcours dédié à l’histoire du dessin de la fin des années 1950 au cœur des années 1980, à travers plus de 50 artistes, et offre au public des repères pour aborder ses transformations. Tracer des signes s’attache à des pratiques graphiques qui pourraient être qualifiées de premières : marquer, griffer, laisser une empreinte, inscrire, tracer, écrire, etc. Dessiner l’espace montre comment le trait peut créer des espaces mentaux ou physiques, jusqu’à se déployer dans les trois dimensions ; géométrie, mesure, rythme sériel marquent ce chapitre. Enfin, Raconter des histoires regroupe des œuvres appartenant au champ de la narration ou de la fiction et éclaire la diversité des modalités de représentation des êtres et du monde proposées par le dessin.
Peindre la nuit
Metz, Centre Pompidou, jusqu’au 15 avril.
Source d’inspiration majeure de l’histoire de l’art, la nuit demeure aujourd’hui encore un terrain d’expériences fécond. Revenir à un sujet aussi vaste que la nuit permet de poser des questions essentielles sur notre condition et notre place dans l’univers, comme sur le rôle de l’art. À travers une approche liée à la perception de la nuit plutôt qu’à son iconographie, l’exposition se présente elle-même comme une expérience nocturne, une déambulation qui transforme les visiteurEs en noctambules, et qui transmet ce vertige que procure la nuit : vertige des sens, vertige intérieur, vertige cosmique. On avance dans l’exposition comme on avance dans la nuit. L’exposition ne se limite pas de manière exclusive à la peinture, bien que centrale, mais offre résonances et parallèles avec la musique, la littérature, la vidéo et la photographie. Elle rassemble une centaine d’artistes, figures historiques et artistes contemporains, ainsi que de spectaculaires installations dont certaines sont conçues spécialement pour ce projet.
Joana Vasconcelos, I Want to Break Free
Strasbourg, Musée d’art moderne, jusqu’au 17 février.
Le temps de l’exposition, la salle du MAMCS, agencée à la façon d’un appartement, avec corniches, moquettes et couloirs, se transforme en demeure extravagante où les objets se voient dotés de pouvoirs extraordinaires. Joana Vasconcelos est une artiste qui manie l’humour et la fantaisie tout autant qu’elle développe une œuvre au contenu politique, éminemment ancrée dans la société d’aujourd’hui. La question de la domesticité est au cœur de ce projet qui emprunte son titre à l’univers pop rock et propose à chacunE de cheminer dans cet intérieur qui sollicite tous les sens : les œuvres se présentent au regard, certaines peuvent être touchées, quand d’autres diffusent de la musique ou exhalent une odeur âcre. Son travail combine objets usuels, arts appliqués et savoir-faire issus de la culture portugaise (notamment la céramique, la broderie, la ferronnerie).
Cinq femmes : l’engagement poétique
Saint-Louis (68), Fondation Fernet-Branca, jusqu’au 10 février.
Nous en connaissons et apprécions deux en particulier : Marie-Hélène Fabra, dans les peintures de laquelle « des revenants, des spectres, des apparitions profitent de sa peinture pour prendre forme et venir à la surface de notre monde », et Marine Joatton, dont les œuvres évoquent « Jérôme Bosch ou Lewis Carroll, et les personnages hybrides nous jettent des regards exprimant toute une gamme de sentiments : de la drôlerie enfantine et naïve à l’angoisse la plus désespérée et solitaire ». Trois autres artistes sont exposées : Vanessa Fanuele, Marie-Amélie Germain et Haled Zahedi.
Philippe Cyroulnik