Film d’animation franco-hispano-belge, 1 h 14 min, sorti le 30 septembre 2020.
Le dessinateur Aurel a réalisé son premier long métrage Josep et c’est une réussite, tant sur la forme que sur le fond. Josep, c’est Josep Bartoli, lui aussi dessinateur, un républicain espagnol qui a suivi l’exode massif, la Retirada, qu’a entrainé la victoire de Franco dans la guerre civile (1936-1939) : en quelques semaines (janvier-février 1939), 475 000 personnes ont passé les Pyrénées, accueillies par la « République française » dans des conditions ignominieuses.
« Du fusil au crayon »
Des camps d’internement sont établis à la hâte sur les plages du Roussillon : les camps d’Argelès-sur-Mer, du Barcarès et de Saint-Cyprien sont construits à même le sable, par les réfugiéEs. Aurel fait revivre ces camps surveillés par des gendarmes français assistés de « tirailleurs sénégalais » (en fait recrutés dans plusieurs colonies françaises d’Afrique).
Le film mêle fiction et réalité, dessins de Josep Bartoli et travail d’animation. Les dessins de Bartoli montrent la réalité épouvantable et sordide du camp (le camp de Saint-Cyprien « servira » ensuite pour les Juifs, et le peintre Felix Nussbaum racontera lui aussi ces détenus, ravagés par la dysenterie). Comme le dit Aurel, « Josep est passé du fusil comme arme au crayon ».
Le fil directeur du film est le récit du grand-père d’un adolescent qui a participé à la surveillance des camps. Plus humain que ses collègues qui multiplient brimades et brutalités à l’égard des internéEs, il aide Josep et n’hésite pas à prendre des risques pour cela. Ce qui ne l’empêche pas de faire son boulot de gendarme, y compris pendant la guerre où il participera à la déportation des Juifs (tout en faisant un peu de résistance).
Josep, un nouvel exemple de la capacité des films d’animation à traiter de sujets dits « adultes ». Un film à voir.