L’absence de réelle proportionnelle a fortement limité la possibilité d’avoir des élus anticapitalistes dans les régions. Ainsi, en 1998 les listes soutenues par la LCR ont obtenu trois élus, une quatrième se rajoutant en cours de mandat. Actuellement le NPA a deux élus, issus des élus PCF en Rhône-Alpes et Picardie.
Cette expérience limitée, aux côtés de celles des dizaines de conseillers municipaux, permet néanmoins de mettre en valeur le rôle d’élus anticapitalistes dans les conseils régionaux.
-le point essentiel, c’est d’avoir gardé, à la différence des alliés du PS, une totale indépendance vis-à-vis des majorités d’union de la gauche qui ont dirigé les régions. Nos élus n’ont jamais été tenus d’appliquer la solidarité de gestion, aussi bien pour le vote du budget que pour les délibérations auxquelles nous étions opposés (en particulier sur l’enseignement privé, les subventions aux entreprises, la formation professionnelle)
-cela n’a jamais empêché, contrairement à ceux qui nous reprochent de ne pas mettre les mains dans le cambouis, de voter toutes les délibérations allant dans le bon sens. Ce fut en particulier le cas en Midi-Pyrénées où, sur la base du rapport de forces construit pas les syndicats et associations, nos élus ont été à l’initiative de la délibération instaurant la gratuité des transports sur le réseau TER pour les chômeurs et précaires
-cela ne nous a pas empêché non plus d’apporter, par notre travail préparatoire dans les commissions, toutes les améliorations possibles aux textes proposés.
-mais surtout, cette indépendance nous a permis de nouer des liens de confiance avec des associations et des syndicats. D’abord par la totale transparence sur les dossiers, sans aucune rétention d’information, et bien sûr par le soutien entier à leurs revendications, pour autant qu’il y avait accord sur le fond. Nous avons ainsi fait l’expérience d’associations qui ont très vite déchanté de leurs illusions envers le PS et ses alliés, et qui ont fini par travailler fructueusement avec nos élus. Seule une telle orientation dans les institutions permet de rester en cohérence avec notre projet politique : oeuvrer à la construction d’une alternative anticapitaliste, qui passe essentiellement par les mobilisations de masse, et non par la gestion, fût-elle critique, aux côtés du social-libéralisme.