Jeudi 7 novembre, le gouvernement annonçait l’abandon du projet Europacity. Une victoire pour touTEs les opposantEs à ce désastre social et écologique annoncé, mais la vigilance reste de mise.
Europacity : tel est le nom du mégacentre commercial et de loisir que les groupes Auchan et Wanda (groupe chinois) voulaient implanter à Gonesse, dans le Val-d’Oise, sur 300 hectares de terres agricoles (le « Triangle de Gonesse ») considérées comme parmi les plus fertiles d’Europe. Avec Europacity, on parlait de trois milliards d’euros d’investissements pour un projet délirant (bureaux, boutiques, piste de ski couverte, parc aquatique, hôtels de luxe...) soutenu par la mairie socialiste et le gouvernement. Depuis plusieurs années, la contestation de ce grand projet inutile, supposé ouvrir en 2027, s’était développée, avec entre autres, au début du mois d’octobre, une marche en direction de Matignon, pour revendiquer l’abandon pur et simple du projet, qui a réuni plus de 1 500 personnes autour de mots d’ordre explicites : « Stop au béton, Europacity non », « Sauvons les terres agricoles de Gonesse », « Des terres, pas des actionnaires », « Macron laisse béton ».
« Il est temps d’investir dans une transition écologique juste »
C’est au terme d’un « Conseil de défense écologique » que le gouvernement a annoncé son intention d’abandonner le projet Europacity, justifiant sa décision par la nécessité de faire coïncider projets d’aménagement urbain et impératifs écologiques. Près de deux ans après l’abandon du projet d’aéroport de Nore-Dame-des-Landes, la mobilisation de longue haleine des habitantEs et des associations a donc payé. Bernard Loup, président du Collectif pour le Triangle de Gonesse, qui fédère depuis 2011 l’opposition à Europacity, a ainsi commenté la décision : « C’est une bonne décision, que nous attendions depuis de longs mois. Ce grand projet inutile et imposé, qui tablait sur une explosion du trafic aérien à l’aéroport de Roissy, était en complète contradiction avec les discours du président de la République sur l’urgence écologique. Le temps n’est plus aux grands temples du consumérisme et à l’artificialisation des terres. Il est temps d’investir dans une transition écologique juste, qui profite vraiment aux habitants de la banlieue. »
Une « bonne décision » certes, mais la vigilance reste de mise. Nul doute en effet que c’est en raison de la mobilisation et par calcul politique que le gouvernement a finalement reculé sur le projet, et non car il se serait soudainement converti à l’écosocialisme. Le pouvoir a d’ailleurs annoncé qu’il allait « travailler en concertation avec les élus pour définir des alternatives qui correspondent plus aux orientations du gouvernement, vers un projet plus mixte, mêlant bureaux, industries, voire agroalimentaire ». Il s’agit donc, tout en abandonnant le projet de mégacomplexe, de poursuivre l’objectif d’urbanisation de la zone : le « en même temps » macronien dans toute sa splendeur, qui fait dire au Monde (8 novembre 2019) que « le gouvernement prend le risque de fâcher à la fois les partisans d’EuropaCity et les adversaires écologistes du projet, qui rejettent en réalité toute urbanisation du Triangle de Gonesse et défendent un ambitieux programme alternatif de cultures maraîchères périurbaines ».
Maintenir la pression
La victoire n’est en effet, à ce stade, que partielle, et il s’agit de toute évidence de maintenir la pression pour obtenir un succès sur l’ensemble des revendications écologiques et sociales. Comme l’a souligné le Collectif pour le Triangle de Gonesse dans un communiqué :
« À l’issue du Conseil de défense écologique, l’Élysée a par ailleurs évoqué un "projet alternatif", dont les contours restent flous (il est question d’un projet "mixte et moderne"). Plus inquiétant : le gouvernement ne remet pas en cause l’ouverture, annoncée par la Société du Grand Paris pour novembre 2019, du chantier de la gare "Triangle de Gonesse", initialement promise au groupe Auchan pour desservir le méga-complexe Europacity.Le Collectif pour le Triangle de Gonesse appelle donc ses nombreux soutiens à maintenir leur vigilance afin d’obtenir la suspension des travaux de la gare ainsi que la mise en place d’une concertation, afin d’aboutir à un projet ambitieux pour la banlieue nord.Le CPTG soutient le projet CARMA (carmapaysdefrance.com), porté depuis 2016 par un collectif d’opérateurs économiques, d’urbanistes, d’ingénieurs agronomes, de commerçants et d’associations, et qui prévoit le maintien de l’activité agricole couplée à un plan d’investissement massif dans les filières de la transition écologique, fortement créatrices d’emplois (éco-construction, rénovation thermique du bâti, énergies renouvelables, mobilité durable, tourisme de proximité). »
Le NPA continuera de soutenir la mobilisation contre ce grand projet inutile… et contre tous les autres.
Correspondant