Dans un amendement au projet de budget, déposé par le gouvernement, celui-ci annonce vouloir « opérer un prélèvement exceptionnel de 130 millions d’euros sur la trésorerie des Agences de l’eau, reversé au budget général de l’État ».
Les agences de l’eau ont consacré de 2019 à 2024 plus de 40 % de leurs aides aux actions en faveur de l’adaptation au changement climatique, et se sont dotées de plans d’adaptation. Il s’agit notamment d’interventions auprès de l’agriculture, de la conversion à l’agriculture biologique et aux pratiques agricoles peu consommatrices de pesticides.
Les agences de l’eau sont des organismes destinés à « aider les collectivités, les industriels, les agriculteurs, les associations de pêche et de protection de la nature dans le financement, l’accompagnement et la valorisation de leurs projets et initiatives pour agir sur la santé, le cadre de vie, la préservation de la ressource en eau et la biodiversité ». Sur la page d’accueil des agences de l’eau, on peut lire : « Une mission commune pour l’eau, la biodiversité, le littoral ».
Rendez l’argent !
Les agences de l’eau sont financées, à hauteur de 85 %, par quatre redevances que nous versons toutes et tous, prélevées directement sur notre facture d’eau. C’est notre argent ! L’État n’en a cure et se sert de deux manières. En effet, outre le prélèvement cité plus haut, il a fixé un plafond à la collecte des redevances : au delà de 2,3 milliards d’euros, le surplus va directement ans sa poche ! On appelle ça le « plafond mordant » ! Ce plafond devait passer à 2,5 milliards en 2025, mais il semblerait que cette promesse ait été « oubliée »...
L’eau n'est pas une variable d’ajustement
Le « hold up » sur les agences de l’eau, comme cette mesure est qualifiée par la très gauchiste revue Maire-Info, risque d’avoir un effet direct sur le financement des programmes soutenus par les agences : alors qu’elles sont censées disposer de 460 à 550 millions, selon l’État, elles devront faire face à leurs engagements avec 200 millions, soit un mois de trésorerie. Ce qui peut amener une agence à ne pas pouvoir verser l’aide au moment où la collectivité en aura besoin. Elle sera alors contrainte d’emprunter ou retarder le paiement des entreprises.
Au moment où se tient la COP16 Biodiversité, qui pose les questions de son financement, au moment où des événements climatiques extrêmes surviennent en France et, surtout, de façon dramatique en Espagne, le gouvernement Barnier affiche une fois encore son cynisme à courte vue en faisant du budget des agences de l’eau une banale et minable variable d’ajustement budgétaire !
CNE