La réforme de la Politique agricole commune (PAC) décidée à Bruxelles pour 2014-2020 concerne 12 millions d’exploitations. Et pas grand chose ne change sur le fond.Malgré de timides avancées, la Confédération paysanne et le Modef, syndicats minoritaires, sont révoltés par les mesures insuffisantes. La FNSEA, majoritaire, et ses alliés de l’agro-alimentaire craignaient une baisse drastique de l’aide publique et des mesures environnementales contraignantes : les voilà rassurés !Si le « verdissement » de la PAC et une répartition plus juste de l’aide publique sont deux axes importants, il ne reste pas grand-chose des promesses faites. Pas de rotation obligatoire des cultures, incluant le semis de protéagineux (pois, féveroles…) ou de légumineuses (trèfle, luzerne…) qui amenderaient utilement les sols, tout en nous libérant de la coûteuse dépendance au soja sud-américain, OGM ou pas. Tout juste un saupoudrage financier pour aider les pratiques un peu plus respectueuses de l’environnement : bio, pâturages permanents, diversification des cultures, protection de réservoirs de biodiversité… La monoculture et l’agriculture intensive ont encore les coudées franches.
Un si léger vernis80 % de l’argent public continuera donc d’enrichir 20 % des paysans. La réforme prévoit un rééquilibrage à l’avantage des producteurs victimes de marchés déprimés (lait, viande, fruits, légumes,…), alors que le cours mondial des céréales assure aux céréaliers de confortables revenus. Une surprime aux 50 premiers hectares devrait permettre de consolider les petites exploitations.D’autre part, la PAC 2014 prévoit que chaque État puisse utiliser à sa guise de 8 à 13 % du montant des aides directes pour soutenir les secteurs en difficultés. Cette « renationalisation » partielle de la politique agricole est attendue par bon nombre de petits paysans, mais reste contestée par José Bové et ses amis, « européistes » convaincus. Stéphane Le Foll, ministre de l’agriculture, n’a toutefois pas indiqué ce qu’il fera de cette liberté.Le plafonnement des subventions est fixé à 300 000 euros annuels par exploitation. C’est outrageusement élevé car la moitié des paysans français ont un revenu inférieur au Smic.La commission a donc accouché d’une énième réforme agricole libérale, tout juste habillée d’un vernis de justice et d’écologie. C'est bien peu.
CorrespondantEs de la commission nationale écologie