Publié le Mercredi 7 octobre 2020 à 09h26.

Bassines : non merci

Alors qu’une grande journée de mobilisation aura lieu le dimanche 11 octobre à Epannes dans les Deux-Sèvres (avec notamment la présence de Philippe Poutou, José Bové, Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot), les anticapitalistes doivent également apporter leur soutien à cette lutte contre l’agriculture intensive.

Qu’est-ce qu’une bassine ?

Une bassine est une retenue d’eau artificielle (avec une taille d’environ 10ha et avec des digues de 10 mètres de haut). Afin de les remplir, il faut pomper les nappes phréatiques. L’objectif est qu’en été les agriculteurs puissent utiliser cette eau afin d’arroser des parcelles, principalement de maïs (très gourmand en eau). Dans le Poitou-Charentes, de nombreuses Bassines sont en projet : certaines autour de la Sèvre niortaise et du Marais poitevin (79) ; d’autres dans la Vienne, près de Poitiers, dans la vallée du Clain, et notamment sur la commune de Migné-Auxance où, là aussi, des oppositions existent.

Pourquoi s’y opposer ?

D’abord parce que c’est un désastre écologique. Lorsque l’eau des nappes est captée, cela a des incidences directes sur les espaces humides alentours (assèchement des mares par exemple). C’est par ailleurs un gaspillage d’eau (au moment de l’arrosage mais aussi parce que l’eau s’évapore au soleil).

Ensuite parce qu’il s’agit de la promotion d’un modèle agricole que nous rejetons. Ces bassines sont faites pour les grandes exploitations, qui détruisent les sols avec des méthodes de culture intensive. Les petitEs paysanNEs, eux, n’auront pas le droit de se raccorder à ces Bassines.

Enfin parce qu’il s’agit de l’utilisation de l’argent public pour le privé. Ces bassines sont produites avec des deniers publics (près de 70% du financement), alors que l’eau est mise à disposition d’entreprises privées (grands agriculteurs), peu soucieuses de l’environnement ou de la démocratie locale.

Leur modèle et le nôtre

La revendication forte des habitantEs et paysanNEs en lutte est que l’eau doit rester un bien commun. Or les bassines portent dans leur ADN l’idée d’une privatisation de l’eau pour des objectifs financiers. Comme anticapitalistes, nous revendiquons la défense de l’eau en régie publique et sous contrôle des usagerEs et nous défendons fermement sa valeur d’usage avant sa valeur marchande.

Nous revendiquons aussi la défense de nos écosystèmes, et en particulier des ruisseaux, mares ou autres zones humides. C’est dans ces zones là que la vie, faune et flore, peut se développer de façon massive. Dans la région, la défense du Marais Poitevin est, à ce titre, un enjeu écologique important.

Enfin, nous devons rappeler des revendications politiques comme le fait que l’argent public doit d’abord servir aux services publics. Ou encore que les choix de ce type, comme d’autres grands projets inutiles, doivent donner lieu à une réelle démocratie à la base, décisionnelle, et pas seulement à des consultations une fois les décisions prises.

La mobilisation autour du rejet de ces bassines permet facilement de démontrer, là-encore, l’absurdité capitalistique. Et, par la même, aller vers une société écosocialiste, débarrassée du capitalisme, est une question qui se pose si l’on souhaite sérieusement en finir avec la folie destructrice épuisant « les hommes [et les femmes !] et la nature ».