Dans un courrier adressé à la ministre de l’Écologie Ségolène Royal et rendu public il y a quelques jours, Didier Migaud, le Premier président de la Cour des comptes a dénoncé les dérives de la facturation de l’eau en France.
Les agences de l’eau perçoivent les redevances des consommateurs d’eau et distribuent les subventions, les aides, aux collectivités. Ainsi, la Cour des comptes a examiné de près les six agences régionales qui couvrent le territoire national : Adour-Garonne, Artois-Picardie, Loire-Bretagne, Rhin-Meuse, Rhône Méditerranée et Corse, Seine-Normandie. Et le constat est sévère : ces agences ont perçu 2,2 milliards d’euros de redevances... et versé 1,9 milliards d’aides en 2013. Entre 2007 et 2013, ces redevances ont d’ailleurs augmenté de 24 %, ce qui leur a procuré une « aisance financière certaine », comme le souligne joliment la Cour des comptes.
La Cour des comptes critique aussi le montant élevé des dépenses de communication et d’aide internationale dont le montant s’est élevé à 145 millions d’euros entre 2007 et 2012.
Magnanime, le courrier nous apprend aussi que les dépenses de personnel ont augmenté de 13 % à périmètre constant entre 2008 et 2012. En guise d’explication, la Cour des comptes met en cause le statut des agents qui n’inciterait pas à la mobilité, et préconise de mettre fin aux recrutements aux conditions actuelles du statut... Une rengaine bien connue. Et, dénonçant l’insuffisance du contrôle de gestion, la Cour des comptes propose la mutualisation inter-agences pour faire baisser les coûts de fonctionnement... Ça aussi, on sait souvent par quoi cela se traduit.
Dans sa réponse, Ségolène Royal a promis de travailler à la mise en œuvre des recommandations du rapport publié en février par la Cour des comptes... Mais d’un véritable service public de l’eau, associant en particulier gratuité pour les usagers et véritable contrôle public, pas plus Migaud que Royal n’a visiblement envie d’en discuter.