Du 5 au 8 mai, des milliers de personnes se sont retrouvées aux écuries de Léry (27), menacées comme le plateau Est de Rouen, la vallée de Seine et la forêt de Bord par le tracé du mal nommé « contournement Est de Rouen », projet autoroutier vieux de cinquante ans, gouffre financier et non-sens écologique destructeur du vivant.
À l’initiative du collectif « Non A133-134 » dans lequel le NPA est actif, du collectif « La déroute des routes », et dans le cadre de la saison 5 des Soulèvements de la terre, l’événement festif, familial et déterminé a permis aux visiteurEs d’en apprendre plus sur le projet lors de projections, tables rondes, et conférences, sur sa nature et ses conséquences, sur la menace sur des espèces locales remarquables (muscardin, grand capricorne, triton crêté, pic-mar), mais aussi de se mettre en action. Rando nocturne, balades naturalistes, création d’une « ZAD des enfants » auront permis de montrer ce que l’on a à perdre et à se le réapproprier.
Initiative sous surveillance…
Dans la droite ligne de Darmanin, le préfet de l’Eure n’a eu de cesse pendant des semaines de mettre sous pression les organisateurs et municipalités qui ont apporté un soutien logistique. Ses allégations n’ont pas eu l’effet escompté et ont, au contraire, renforcé la détermination. Autre revers pour le préfet, l’interdiction par le tribunal administratif du déploiement de drones au-dessus du festival. Un beau pied de nez à Darmanin et à ses sbires !
Remplacer Darmanin par le muscardin !
Le temps fort de ce week-end de lutte aura été sans conteste la « prise » de l’A13 le 7 mai. Un cortège parti à travers bois a mis en pratique l’idée de la forêt qui se défend, de mettre des bâtons dans leurs routes. Avec radicalité, imagination et détermination, un millier de manifestantEs « castors » ont aidé la forêt à reprendre ses droits sur le bitume, organisé un goûter, puis ont pu avec réjouissance et ironie observer les CRS, gauches, déblayer les branchages…
Un autre monde est possible… à notre survie !
Envisager l’avenir avec un logiciel productiviste des années 1960 en niant les enjeux du climat et de la biodiversité, ce n’est tout simplement plus possible. Des alternatives au tout-routier existent et sont documentées par le collectif. La mise en déroute de ce projet est donc éminemment politique et les organisateurs du festival ont fait avec brio la démonstration qu’il est possible de réunir des milliers de personnes autour d’un enjeu commun et d’en faire un événement tout aussi populaire, paisible que radical. Néanmoins, la menace perdure. La pré-sélection des candidats concessionnaires doit intervenir en juin 2023, preuve que le pouvoir craint la mobilisation et entend comme d’habitude passer en force. Le festival est une réussite incontestable ; il a permis de faire de cette lutte longtemps restée locale un enjeu national. Il n’est toutefois qu’une étape pour parvenir à mettre ce projet à la place qu’il n’aurait pas dû quitter : à la poubelle, avec les autres projets inutiles. Aujourd’hui, plus encore qu’hier, des tâches nous incombent donc : leur monde, on n’en veut pas. Nous sommes les soulèvements de la terre ! No macadam !