Le gouvernement prétend désormais développer une nouvelle ambition pour « rendre plus propre notre économie ». Mais le récent discours de Philippe, ripoliné aux nuances de vert pâle, cache mal l’incapacité à s’attaquer aux racines de la crise écologique.
Philippe veut « inventer un modèle économique où la sobriété énergétique, les transports propres, la saine alimentation, le recyclage progressent beaucoup plus vite que le taux de croissance ». Il s’agit donc de concentrer toute la politique sur la production de richesses en espérant que la croissance permettra de sauver la planète. Aveugle et criminel.
Des mesures pas à la hauteur
Si on retire les annonces déjà faites comme la fermeture de Fessenheim et des centrales à charbon, la loi sur la mobilité (LOM) et le plan Énergie Climat en cours de discussion, que reste-t-il ? Des déclarations d’intention !
Ainsi, Philippe promet la remise à plat des aides existantes à la rénovation énergétique, sans donner de détail sur le financement, ni annoncer une augmentation des aides. Il veut interdire les plastiques jetables, dès 2020, dans les administrations, obtenir 100 % de plastique recyclé et lutter contre le gaspillage. Comment ?
Il s’engage à diminuer la part du nucléaire à 50 % dans la production d’électricité d’ici 2035 et développer l’éolien en mer. Sans dire qu’il a promis la construction de 2 voire 3 nouveaux EPR. Après le fiasco financier et technologique de l’EPR de Flamanville, avec le casse-tête des déchets nucléaires, les conditions de travail dégradées dans les centrales et les incidents à répétition, le gouvernement persiste dans la voie la plus dangereuse, coûteuse, polluante pour produire du courant.
Toutes les mesures claironnées se lovent dans le moule du capitalisme vert, miroir aux alouettes brandi par celles et ceux qui refusent de changer de système. Mais, même pour engager la croissance verte, nouvel horizon radieux pour les financiers, industriels, politiciens, des investissements colossaux seront nécessaires. Philippe est resté bien silencieux sur les moyens financiers de son « accélération écologique ».
La convention citoyenne
Sous la pression des Gilets jaunes et le besoin de démocratie exprimé depuis des mois, Philippe a repris la macronesque Convention citoyenne. Ainsi, 150 personnes seront tirées au sort, travailleront pendant 6 mois sous la veille d’un comité des garants (présidents du Sénat, de l’Assemblée nationale, du CESE). De leurs propositions connues début 2020, seules « les plus puissantes » (!!!) seront soumises à référendum. Le gouvernement n’a-t-il pas trouvé là le moyen de se défausser de sujets sensibles comme la reprise ou non de la hausse de la taxe sur les carburants, l’augmentation des aides à la reconversion des véhicules polluants ou la mise en place de systèmes de bonus-malus ?
De plus, pour Jacques Testart, président d’honneur de Sciences citoyennes, à l’origine de la proposition des Conventions de citoyenEs, il faut des garanties pour que la Convention ne soit pas qu’un effet d’annonce. Les 150 participantEs doivent représenter un échantillon diversifié d’où les intérêts particuliers sont exclus. Les citoyenEs retenus doivent recevoir une formation préalable contradictoire pour les aider à avoir un avis éclairé. Le comité de pilotage doit être indépendant du gouvernement. Ils et elles doivent étudier, interroger, rendre un avis, rédiger eux-mêmes leurs conclusions. Là encore, aucune garantie, sauf celle de dénaturer un outil prometteur.
« Une seule solution, la révolution… »
Ce slogan repris dans les marches et les grèves scolaires pour le climat comme dans les manifestations des Gilets jaunes, révèle une prise de conscience que le système capitaliste porte en lui la destruction du monde et de ses occupants. Les solutions à la crise écologique et sociale sont connues. À nous, d’un continent à l’autre, de les imposer, par nos mobilisations et notre volonté commune d’en finir avec le capitalisme. Toute autre démarche n’est pas à la hauteur des enjeux.
Commission nationale écologie