« Le gouvernement, les élus et les entreprises doivent reconnaître les menaces inédites pesant aujourd’hui sur l’ensemble de la biosphère, humains compris. Ils doivent assumer ouvertement leur part de responsabilité dans la destruction des écosystèmes, le changement climatique, l’épuisement des ressources naturelles, et reconnaître l’incompatibilité profonde entre le mode de développement économique actuel basé sur la croissance et la recherche du profit, et les limites de notre planète. »
Ainsi s’exprime le mouvement Extinction Rebellion, qui vient de lancer, à l’échelle internationale, une série d’actions visant à dénoncer la crise écologique et climatique et les responsabilités des gouvernements et des multinationales dans son approfondissement.
« Travaille, consomme, et ferme ta gueule »
En France, une semaine d’action a été lancée avec l’occupation, samedi 5 octobre, du centre commercial Italie 2 à Paris, par des militantEs d’Extinction Rebellion, mais aussi le mouvement Youth for Climate France, des Gilets jaunes, le comité Adama, etc. Italie 2, un temple de la consommation, avec 120 boutiques, sur lequel lorgne Axa, « [qui] a signé [cet été] un protocole visant l’acquisition de 75 % du centre commercial et de ses extensions pour 473 millions d’euros. »1
« Travaille, consomme, et ferme ta gueule », « Rouen, pas de vérité, pas de paix », « On est là, on est là, même si Macron ne veut pas nous on est là »… Les slogans sont divers, à l’image des participantEs, et le centre commercial est rapidement paralysé, sans toutefois être fermé. À plusieurs reprises dans la soirée, la police tente d’intervenir, à grands renforts de gaz lacrymogènes, mais les occupantEs tiendront bon et décideront finalement, au cours de la nuit, de quitter les lieux.
Le lundi 7 octobre, rebelote dans les rues de Paris, avec l’installation d’un campement à proximité du Châtelet pour y constituer un « lieu de résistance et de résilience », avec de nouvelles actions en perspective.
Une urgence de plus en plus marquée
Ces actions organisées par Extinction Rebellion s’inscrivent dans une campagne internationale menée par l’organisation et, plus généralement, dans un climat global de remise en question de plus en plus forte d’un système capitaliste qui détruit nos vies et la planète, et de dénonciation de la passivité/complicité des gouvernements. Ces actions de rue, non déclarées, témoignent en outre, malgré la revendication appuyée de leur caractère « non violent », d’une radicalisation des modalités d’action face à une urgence de plus en plus marquée.
La multiplication des mobilisations écologistes, l’implication de plus en plus forte de la jeunesse et les passerelles qui se construisent avec d’autres secteurs du mouvement social sont des éléments positifs. Les débats sur la pertinence de telle ou telle modalité d’action sont évidemment légitimes, de même que ceux sur l’articulation entre dénonciation de la « société de consommation » et remise en cause globale du système capitaliste. Des discussions qu’il s’agit de poursuivre, à la lumière de la construction concrète des mobilisations, dans l’unité tout en préservant les spécificités de chacunE, avec en perspective un mouvement massif et durable pour exiger, une bonne fois pour toutes, un changement du système, et pas du climat.
Correspondant
- 1. Alexandre-Reza Kokabi et NnoMan, « L’action d’Extinction Rebellion a eu lieu à Paris, au centre commercial Italie 2 », Reporterre, 5 octobre 2019.