Publié le Jeudi 12 avril 2012 à 17h22.

Gaz de schiste Le combat continue !

«Il serait dommageable, pour l’économie nationale et pour l’emploi, que notre pays aille jusqu’à s’interdire [...] de disposer d’une évaluation approfondie de la richesse potentielle : accepter de rester dans l’ignorance d’un éventuel potentiel ne serait cohérent ni avec les objectifs de la loi Pope ni avec le principe de précaution. Mais, pour ce faire, il est indispensable de réaliser des travaux de recherche et des tests d’exploration. » Un an après les mobilisations massives contre le gaz de schiste et sa prétendue interdiction, voilà de quoi agacer les collectifs ! Le 22 mars dernier, le gouvernement a mis en place sa fameuse Commission nationale d’orientation, de suivi et d’évaluation qui entend « évaluer les risques environnementaux liés à la fracturation hydraulique et émettre un avis sur les conditions de mise en œuvre des expérimentations ». Le parti pris du gouvernement est désormais clair et net, contourner l'interdiction de la fracturation hydraulique en arguant de l’intérêt scientifique. Mais il est pourtant évident que le souci primordial de cette commission est de donner de nouvelles possibilités d'extraction aux lobbies pétroliers. D'ailleurs, cette commission officielle ne compte parmi ses 22 membres que trois représentants d'associations environnementales et un représentant des maires. Un rapport de forces inquiétant par rapport aux lobbies pétroliers.

Et ces derniers ont déjà de quoi se frotter les mains avec les douze nouveaux permis accordés sur le bassin parisien (à savoir les permis de Chevry et d’Ozoir, qui couvrent une zone de 395 km² en Seine-et-Marne, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne et Essonne). Si plusieurs conseils municipaux ont pris des arrêtés visant à interdire la fracturation sur leur territoire et ne sont pas dupes de la loi du 13 juillet 2011, la mobilisation reste à amplifier. D'autant que ces permis accordés apparaissent comme une première étape de la contre-attaque gouvernementale sur le sujet.

En face, les collectifs se remettent en marche. Le dimanche 8 avril, le « Trafalgar des pétroliers » a été organisé à l’invitation des collectifs contre les gaz et huiles de schiste et de nombreuses associations. Objectif de cette double manifestation, sur terre et sur mer ? Demander le non-renouvellement du permis Rhône maritime. En effet, avec l'augmentation du prix du baril de pétrole, les entreprises pétrolières et gazières prospectent sérieusement en France. Des pétroliers texans s'installeraient bien sur les côtes marseillaises et des multinationales sont déjà en train de sonder les fonds au large de la Camargue... De nouveaux sites en mer qui pourraient bien devenir les tristes lieux des futures catastrophes écologiques. Pourtant, à aucun moment, la fameuse commission diligentée par le gouvernement ne se penche sur les conséquences écologiques et sanitaires, alors que partout dans le monde des rapports sont rédigés à ce sujet. Si l'on regarde de plus près le fameux rapport de la commission, on se rend compte qu'aucun professionnel de la santé, humaine ou animale, ou un agronome n'a été auditionné. Pire, ils n'ont pas envisagé de soumettre à des laboratoires de biologie ou de toxicologie les effets possibles des produits chimiques qu'exigent les forages. Ces permis et ces projets sont donc particulièrement dangereux et les différents collectifs entendent bien le rappeler à cette pseudo-commission, appuyés par une mobilisation citoyenne d'ampleur.

Coralie Wawrzyniak