Où en sommes-nous après le discours de François Hollande en ouverture à la Conférence environnementale ? Faut-il se réjouir avec José Bové ? Rien n’est moins sûr.Petit rappel techniqueLes gaz et huiles de schiste (GdS) sont ces hydrocarbures non conventionnels piégés dans la roche-mère et que seule la technique de la fracturation hydraulique permet d’extraire. Les conséquences sanitaires et environnementales en sont gravissimes. Nous y sommes opposés comme aux GdS eux-mêmes car ils sont le plus souvent chargés en radionucléides. Ils sont aussi polluants que le charbon en termes de gaz à effet de serre, et leur exploitation nous éloigne encore un peu plus de l’indispensable transition énergétique.
Quelle est la situation législative ?Après le tollé qui avait suivi la délivrance de trois permis par Jean-Louis Borloo, la gauche avait proposé un texte interdisant l’exploration et l’exploitation de ces hydrocarbures. La droite s’était alors précipitée avec sa loi, un modèle d’hypocrisie. En effet, la loi Jacob n’interdit que la fracturation hydraulique pour l’exploration et l’exploitation, sans définir ce qu’est la fracturation hydraulique. Du coup, les industriels peuvent jouer sur les mots et proposer par exemple de stimuler la roche plutôt que de la fracturer. En plus, elle autorise la fracturation pour expérimenter.
Avec Hollande, qu’est-ce qui change ?Presque rien. Il a repris à son compte l’hypocrisie de la droite comme il a repris le texte du traité européen Sarko-Merkel. Il s’est engagé à ce qu’il n’y ait pas de fracturation hydraulique pour l’exploration et l’exploitation. Mais il n’a rien dit sur l’expérimentation et seule la technique est interdite, pas l’exploitation. Seul point positif, sept permis ont été bloqués dans les zones où la mobilisation a été la plus forte : Drôme, Ardèche, Sud-Ouest, Var, Savoie. Mais rien sur la région parisienne. Ce ne sont pas sept permis que nous combattons mais une centaine. Non, il s’agissait pour Hollande de calmer les pseudo-écolos du gouvernement. Et ça a marché. Mais qu’a-t-il fait de plus que Sarkozy qui avait bloqué trois permis pour ne pas avoir un Larzac sur le dos ?
Restons plus que jamais mobiliséEs.Samedi 22, journée mondiale contre la fracturation hydraulique. La lutte doit donc continuer. Nous ne pouvons pas nous contenter des promesses. Nicole Bricq a été débarquée du ministère de l’écologie car elle avait osé affronter Shell sur la question des forages au large de la Guyane. Montebourg puis Delphine Batho (remplaçante de Bricq) nous ont expliqué que le nucléaire était une filière d’avenir. Jean-Marc Ayrault a tenu des propos très ambigus sur les GdS.La transparence tant promise n’a pas vu le jour. Les détails techniques des permis permettant de savoir quels hydrocarbures sont recherchés ne sont pas disponibles (secret industriel oblige). Et alors que l’on nous avait assurés qu’aucune des demandes de permis en cours ne concernait les GdS, on a appris hier, par la bouche de Hollande, qu’on nous avait menti.Ces gaz sont incompatibles avec la transition énergétique quelle que soit la technique utilisée. Mais la priorité de ce gouvernement est de préserver le système en place. Pour cela il lui faut surtout gagner un point de croissance, et ce que Sarko voulait chercher avec les dents, Hollande n’hésitera pas à le faire avec les GdS. Nul doute que De Margerie, le patron de Total qui a rencontré plusieurs fois Hollande, a obtenu quelque chose en échange de la baisse temporaire du prix de l’essence…Ce samedi, soyons nombreux à manifester à Saint-Christol-les-Alès (sud-est), Beaumont-de-Lomagne (sud-ouest), Tournan-en-Brie (nord).Lutter contre les GdS, c’est s’attaquer au capitalisme mondial.