L’épizootie actuelle de grippe aviaire qui touche le Sud-Ouest est catastrophique pour les élevages et tous ceux qui en dépendent.
Alors que le 3 janvier, et contre toute évidence, l’État prétendait encore que la crise était due à la faune sauvage, il a fait volte-face deux jours plus tard pour admettre que les transports d’animaux vivants étaient responsables de l’épidémie qui touchait la région. Nous le savions depuis les premiers jours de décembre...
Les services de l’État qui ont permis que des transports aient lieu à partir d’un élevage tarnais alors que son voisin subissait une très forte mortalité, et l’inconscience criminelle de la « coopérative » Vivadour qui a organisé le transport des canards du Tarn vers trois autres départements est avérée. Le refus de l’ancien ministre Philippe Martin, président du conseil départemental, et de la Chambre d’agriculture du Gers, de se joindre à la plainte déposée par le Lot-et-Garonne confirme que Vivadour règne en maître dans ce département.
Cette crise montre, de manière dramatique, les faiblesses inhérentes au système industriel qui a été mis en place, avec une spécialisation par région et par tâche qui nécessite des transports d’animaux sur des centaines de kilomètres, des canetons venant couramment de Vendée mais aussi de Hongrie. Ce système industriel entraîne une très faible diversité génétique des mulards, les canards hybrides sélectionnés pour le foie gras, car plus productifs. On observe aussi les conséquences des baisses d’effectifs des services vétérinaires qui ne sont plus à même d’effectuer leurs missions alors que leur périmètre a été élargi.
Pour une autre agriculture
Les solutions proposées sont incohérentes avec la cause de l’épizootie. À quoi cela sert-il de confiner les oiseaux si le danger ne vient pas du ciel ? Alors que l’abattage préventif est dans les tuyaux début décembre, la décision n’a été prise qu’en janvier. Le nombre de communes concernées est depuis passé d’une poignée à plus de cent, et le nombre de canards abattus de 100 000 à plus d’un million. Alors que les indemnités pour l’épidémie de 2016 n’ont été versées qu’à 70 %, le calcul proposé ne tient pas compte de la qualité et pénalise donc les petits élevages.
Le NPA défend une autre vision de l’agriculture et de l’élevage, une agriculture paysanne et de proximité, des élevages aussi autarciques que possible. Nous voulons que les paysans retrouvent leur indépendance et leur autonomie. Nous refusons que les grands groupes comme Vivadour fassent la loi dans nos campagnes, tuent les emplois et par là, la vie de nos villages. Ce sont les responsables qui doivent payer les indemnités dues aux éleveurs, pas l’État et donc nous.
De nombreux paysans montrent qu’il est tout à fait possible d’élever de la volaille en bio en quasi-autarcie. Ils et elles participent à la préservation de notre environnement, ne participent pas au réchauffement climatique par des transports inutiles. Ils nous fournissent une alimentation de qualité et créent beaucoup plus d’emplois que le système industriel.
Commission nationale écologie