Publié le Vendredi 8 novembre 2024 à 11h00.

Inondations : la tragédie du capitalisme

Plus de 200 mortEs, des dizaines de disparuEs, 77 000 logements sans électricité. Le bilan est catastrophique pour les zones touchées par la « DANA » (« Depresion aislada en niveles alto », soit « dépression isolée à niveau élevé » ou phénomène de « goutte froide » en français). 

Ce n’est pas le phénomène en lui-même qui a provoqué cette catastrophe, mais bien son intensité. En effet, il est produit par un courant d’air froid qui se déplace au-dessus des eaux chaudes de la Méditerranée, créant ainsi une haute instabilité en faisant s’élever un air chaud rapidement, résultant en de forts orages et nuages pluvieux. C’est ainsi qu’il est tombé à peu près 350 mm d’eau entre 16 h 30 et 20 h 30, surprenant ainsi des habitantEs et balayant les infrastructures.

Des infrastructures inadaptées

Des infrastructures trop peu préparées dans ce milieu rural et dans les zones populaires, où les groupes immobiliers ont réduit les coûts de construction au maximum, au détriment de la résilience face aux phénomènes climatiques. Le numéro d’urgence 112 est vite saturé, révélant l’état des services publics de secours, dans le viseur des capitalistes espagnols. 

Pedro Sánchez, chef du gouvernement, a indiqué en conférence de presse que le pays avait été « frappé par la pire DANA depuis un siècle ». La DANA ne serait donc qu’un évènement climatique qui n’aurait pas pu être évité. Comment se fait-il alors que l’ensemble des agences météorologiques aient averti jusqu’au matin même et que des personnes aient quand même été surprises par la montée des eaux ?

Tragiques politiques publiques

Dans la même prise de parole, Pedro Sánchez qualifie l’évènement de « tragique » 1. Malheureusement, cette tragédie n’est pas celle que sous-entend le chef du gouvernement : il n’y a pas de catastrophe naturelle qui surgisse fatalement. Le véritable coupable est la politique prédatrice qui a lieu notamment dans la communauté valencienne. Carlos Mazón, nouveau président de la région, a succédé à la gauche en 2023 grâce à un accord avec Vox, parti d’extrême droite climato-sceptique. Cette coalition a mis en place le démantèlement en novembre 2023 de l’Unité valencienne d’Urgences (UVE), chargée notamment de l’organisation et de la coordination des secours en cas de catastrophes naturelles dans la communauté autonome. Mazón s’était félicité alors du ­démantèlement d’un « bar de plage ».

Le mercredi 29 octobre, en début d’après-midi, Mazón prend la parole et annonce que la tempête devrait se calmer pour 18 heures 2. Aucune mesure n’est donc prise. Les patrons n’attendaient que cela et obligent les travailleurEs à prendre leur poste. Quand les SMS alertant la population sur la nécessité de rentrer chez soi arrivent à 20 h 12, il est déjà trop tard.

« La Dana fait des ravages »

Comme l’a dit Pedro Sánchez, « la Dana fait des ravages ». Des ravages immédiats. C’est la barbarie du système capitaliste qui affecte et ravage durablement les écosystèmes. Notre classe est face à un choix : l’écosocialisme ou la barbarie 3. L’écosocialisme face aux phénomènes « Dana » qui seront de plus en plus intenses à mesure qu’augmente le réchauffement de la mer Méditerranée. L’écosocialisme face à la barbarie de la destruction des organismes et des services publics de secours. L’écosocialisme face à l’utilisation barbare des forces de police comme milices du capital, en mettant un signe égal entre la recherche et le sauvetage de disparuEs et la protection contre les pillages des centres commerciaux inondés. La colère des habitants devant Pedro Sanchez et Felipe VI, légitime, annonce que le choix est devant nous.

Félix Blanquet Le Marchand