Des légumes, pas du bitume !
Suite à l’annonce par la Société du Grand Paris (SGP) de la construction d’une gare en plein champ sur le Triangle de Gonesse (95), quelques dizaines de militantEs occupent les lieux depuis le 7 février, lançant ainsi la première ZAD d’Île-de-France. Cette gare, sur un site interdit à l’habitat du fait de sa proximité avec les aéroports de Roissy et du Bourget, amorcerait l’urbanisation de 248 hectares de terres agricoles parmi les plus fertiles d’Île-de-France. Retoqué en première instance pour des raisons environnementales, sociales et économiques, le plan local d’urbanisation a été validé en décembre dernier par la cour administrative de Versailles suite à l’appel des élus locaux, avec à leur tête Jean-Pierre Blazy, le maire PS de Gonesse.
Entêtement des élus locaux
Le Triangle de Gonesse avait échappé jusqu’alors à la bétonisation, le dernier projet en date, EuropaCity (un méga-centre commercial et de loisirs) ayant été abandonné par le gouvernement grâce aux mobilisations impulsées depuis dix ans par le Collectif pour le Triangle de Gonesse (CPTG)1 avec le soutien d’associations environnementales et de partis (EÉLV, LFI, NPA, PCF). Par ailleurs, le gouvernement vient d’annoncer qu’il renonce à l’extension de l’aéroport de Roissy (même si à ce jour aucune garantie n’est apportée pour limiter le trafic aérien). L’abandon de ces deux projets pharaoniques rend encore plus absurde l’implantation d’une gare à 1,7 km des premières habitations. En effet, une des « justifications » avancées par ses promoteurs était l’afflux de voyageurs qu’ils étaient supposé générer.
Mais l’entêtement des élus locaux et de la SGP leur aura donc permis d’obtenir le feu vert pour la création, dans un premier temps, d’une ZAC de 110 hectares d’entrepôts et de bureaux autour d’une gare sans habitantEs.
Face à ces menaces, 300 personnes se sont rassemblées le 17 janvier et ont adopté le « Serment du Triangle »2 par lequel les signataires (près de 10 000 à ce jour) s’engagent à défendre les terres agricoles du Triangle de Gonesse. Avec la ZAD, c’est un pas supplémentaire de la mobilisation qui a été franchi, avec comme première exigence l’abandon du chantier de la gare.
Alors que quelques pourcents seulement de l’alimentation de l’Île-de-France sont produits localement et qu’un projet alternatif agro-écologique existe (CARMA)3, que l’on sait l’urgence de rompre radicalement avec l’artificialisation galopante des sols (280 000 hectares perdus en 10 ans !) et l’agriculture industrielle, tant pour des raisons climatiques que pour la sauvegarde de la biodiversité, tous ces projets inutiles et dangereux doivent être abandonnés.