Publié le Mercredi 30 novembre 2016 à 17h41.

Le «racisme structurel» au cœur de la grève sur les salaires à la cave viticole Robertson (Afrique du Sud)

Les négociations entre les patrons de Robertson Winery et les ouvriers sont arrivées à un point de blocage, et le syndicat des ouvriers appelle le public à ne pas «boire le vin de sang».

Karel Swart, porteparole de CSAAWU, qui mène cette grève, a confirmé hier qu’ils demandaient toujours une augmentation du salaire minimum à 8 500 R.

Il dit que que beaucoup des 227 ouvriers en grève ne gagnent que 2~900~R par mois à la cave qui regroupe 30 domaines à Robertson et emploie 303 personnes.

Les travailleurs viennent d’entamer leur 12e semaine d’une grève qui veut s’attaquer aussi aux conditions de travail. Plusieurs travailleurs ont exprimé leur griefs lors de la projection publique du documentaire «Bitter grapes» au District Six Museum Homecoming Centre. Ce film danois dénonce les conditions de travail à RW.

La cave a dit à Weekend Argus que le syndicat et les travailleurs qui en sont membres « n’étaient pas de bonne foi ».

Les deux parties ont travaillé avec la CCMA (Commission pour la conciliation, la médiation et l’arbitrage) pour trouver une solution mais la CCMA a quitté les discussion car elles menaient nulle part.

Swart : « Le CCMA s’est retirée et a dit qu’il n’y avait pas de solution. Il n’y a aucune confiance entre les travailleurs et l’employeur. Nous avons affaire à du racisme structurel. Ils pensent qu’ils ont le droit de faire ce qu’ils veulent avec les travailleurs. La grève n’est pas finie. Elle va continuer jusqu’à ce qu’un des protagonistes s’effondre. Nous voulons que les gens sachent qu’ils ne devraient pas boire le vin de sang de Robertson. »

Simon Jacobs, un ouvrier agricole employé dans une ferme de Robertson qui fournit la cave en grapes, dit que la grève est nécessaire du fait des conditions de travail et de vie des travailleurs. Il gagne 640 R par semaine de 45 heures. « Les patrons vignerons gagnent beaucoup d’argent, des millions. Nous ne gagnons rien, » dit Jacobs. « J’ai travaillé pendant 22 ans dans une ferme. Je n’ai pas de maison. Je vis dans le domaine. J’ai 57 ans et je n’aurai rien quand je prends ma retraite. C’est extrêmement dur d’être ouvrier agricole. J’ai vu combien les patrons blancs pouvaient être violents. »

Emile Maseko est un travailleur à Robertson Winery et il dit gagner 3 400 R par mois brut avant les déductions d’impôts. « Ce sont des salaires d’esclaves. Je ne peux même pas me nourrir avec cet argent. Et il y a des gens qui travaillent à Robertson Winery depuis des années et qui ne gagnent toujours pas plus. Les plus âgés ont toujours le sentiment qu’ils ne peuvent rien dire aux "baas", ils ont peur de parler. »

Il rajoute : « Certains continuent à travailler et ne font pas partie du syndicat. Ils sont des « boere boeties » qui travaillent avec les patrons blancs contre les autres travailleurs. Ils viennent nous voir pour nous parler et ensuite ils vont divulguer nos plans aux patrons contre de l’argent. La plupart sont des superviseurs. »

Une autre ouvrière à Robertson Winery, Marshelene Berdien, a commencé à travailler en 2009 pour un salaire mensuel de 2 900 R. Elle gagne aujourd’hui 3 400 R. « Je suis en grève pour obtenir un salaire et des conditions de travail meilleures, » dit-elle. « Mon frère est mécanicien ici depuis 13 ans. Il gagne 8 000 R. Quand ils ont embauché un mécanicien blanc, il a touché 17~000~R. C’est mon frère qui lui a appris le boulot. Les mécaniciens blancs ne travaillent jamais tard le soir et font jamais partie des équipes de nuit. Ce sont toujours les trois mécaniciens "de couleur" qui travaillent tard. »

Pendant la grève, et alors que les travailleurs ne touchent pas de salaire, la mosquée de Claremont Main Road les aide avec de la nourriture et en couvrant certains besoins élémentaires.

Reinette Jordaan, directrice des ressources humaines à Robertson Winery, dit que la cave est prête à payer 400 R de plus par mois.

« Cette offre a été rejetée (par les travailleurs) catégoriquement, » dit-elle.

Traduit de l'anglais1