Destructrices de milieux naturels et de biodiversité, les lignes à grande vitesse représentent également lors de leur construction et de leur exploitation, de très importantes quantités d’énergie et de gaz à effet de serre. Malgré les dizaines de milliards d’euros d’argent public investis en amont, les projets de LGV n’ont d’intérêt que pour les voyageurs réguliers qui ont des revenus élevés : le temps économisé est, pour la grande majorité des Français, inférieur au temps de travail nécessaire au paiement de la différence de prix du billet de train. Depuis déjà des décennies, les investissements liés au TGV ont été faits au détriment des transports régionaux et du désenclavement territorial.
Le TGV, comme le Concorde, le nucléaire ou encore le Rafale, est une grave et ruineuse erreur industrielle. L’incapacité française à exporter les TGV et le « savoir-faire » d’Alstom prouve que cette politique de transport ne correspond qu’à la défense des intérêts financiers de quelques groupes privés qui préfèrent faire du lobbying que de chercher à développer un modèle pertinent. Une politique de transport plus juste socialement et plus responsable écologiquement est pourtant possible. Celle-ci s’accompagnerait d’un projet de reconversion industrielle. Pour les liaisons nationales et internationales, le ré-aménagement des voies et le recours à des trains pendulaires1 éviteraient la destructrice construction de nouvelles voies et des consommations énergétiques injustifiables à l’heure de la transition énergétique et des crises économique et financière. Pour limiter l’aérien, plutôt que d’essayer de rapprocher la vitesse des trains de celle des avions de ligne, une politique de taxation adéquate permettrait d’inciter les voyageurs à utiliser les transports ferroviaires.
Développer les transports régionaux et locaux tout en les rendant gratuits est avant tout un choix politique et de société. À service constant, une augmentation de 15 % du budget alloué actuellement par les régions au fonctionnement des TER permettrait leur gratuité. Seule la force de cette dernière permettra de convaincre des millions de Français de changer leurs habitudes et de lutter contre le dérèglement climatique. 1. Train conçu pour s’incliner dans les courbes de manière à compenser la force centrifuge et maintenir le confort des voyageurs dans des normes acceptables à des vitesses élevées, qui peut être une alternative à la construction de lignes nouvelles à grande vitesse.