Le résultat de la consultation qui s’est déroulée dimanche 26 juin est en réalité sans surprise. Le gouvernement, en restreignant celle-ci au seul département de la Loire-Atlantique, avait choisi le seul périmètre en capacité de faire gagner le Oui.
Le Non l’emporte autour de Notre-Dame-des-Landes et de l’actuel aéroport, signe que les chantages à l’emploi et à l’environnement ont fait long feu. À Nantes même, survolée quotidiennement par les avions, et que les médias ont prétendu « saccagée » par des hordes zadistes, les votes sont assez équilibrés. Si avait donc été choisi comme périmètre « les plus concernés », le Non l’aurait peut-être emporté, preuve que le gouvernement s’est acheté une légitimité à la carte... électorale.
Comme nous n’avons cessé de le dire, ce pseudo-référendum était pipé à tous les niveaux : cadre, processus et contenu de la question. L’État, juge et partie, disposant de moyens considérables pour véhiculer sa propagande, cette consultation ne pouvait ressembler à autre chose qu’à une parodie de démocratie.
Le Oui exprimé s’appuie sur un espoir légitime : celui d’une création massive d’emplois. Une promesse mensongère, car cet aéroport, sans créer de nouveaux emplois, aggraverait les conditions de travail. C’est la pire des tromperies, quand une grande partie d’entre nous souffrent du chômage et de la précarité, de conditions de travail et de salaires dégradés.
Rien ne s’est arrêté ce 26 juin, car la consultation ne met pas fin aux recours juridiques en cours, notamment ceux qui concernent la loi sur l’eau ou les espèces protégés. Le combat contre un projet néfaste et inutile et contre le monde qu’il représente continue donc plus que jamais à Notre-Dame-des-Landes !
Le serpent de mer de l’évacuation de la Zad
Avec cette consultation bidon, Valls peut tenter de siffler la fin de la partie, mais il se leurre. Il va devoir compter sur une résistance et une détermination sans faille, nourrie depuis plus de 40 ans et qui s’étend bien au-delà de la seule Loire-Atlantique. Une capacité à mobiliser appuyée sur des centaines de comités partout en France, qui a encore été démontrée cet hiver par des manifestations massives.
L’État se retrouve une nouvelle fois confronté au serpent de mer de l’évacuation de la Zad, qui avait déjà échoué en 2012 face à un mouvement de résistance déterminé. Le gouvernement Valls peut-il réellement prendre le risque d’une évacuation musclée de la Zad pendant la séquence de la présidentielle, ou choisira-t-il plus raisonnablement de passer la « patate chaude » à ses successeurs ? Dans les mois et années à venir, nous continuerons à défendre la Zad et à nous opposer aux expulsions des habitantEs.
Vous avez dit démocratie ?
Et ce n’est pas Valls et le gouvernement qui vont nous donner des leçons de démocratie alors même que la séquence sociale que nous vivons actuellement démontre qu’ils n’en ont cure. Ceux qui interdisent les manifestations syndicales, tronquent des études, falsifient des pétitions, ne peuvent nous faire croire en leur bon droit.
Pour nous, la démocratie n’est pas celle des Vinci et des Valls qui veulent sacrifier le bocage pour les intérêts d’une minorité patronale. C’est la démocratie de celles et ceux qui refusent l’absurdité du capitalisme et du productivisme, qui refusent ces choix contraires aux besoins sociaux et environnementaux de la population.
Parce qu’il faut battre le fer tant il est chaud, la démocratie sera à l’honneur les 9 et 10 juillet à Notre-Dame-des-Landes. La rencontre estivale dont le thème est « Semailles de démocratie » devra être un grand moment pour se rassembler, pour réaffirmer notre détermination, pour crier que nous ne lâcherons rien et que la lutte continue !
Sandra Cormier et Bertrand Achel