Publié le Vendredi 12 février 2010 à 14h36.

Pour une autre politique agricole

L'agriculture est l'activité incontournable dont dépend la prospérité  des peuples, elle sera l'un des enjeux cruciaux de la prochaine décennie pour 4 raisons essentielles : 1/ parce qu' un milliard d'êtres humains  ne mangent toujours pas à leur faim ; 2/ parce que l'agriculture intensive et dominante est le premier pollueur de la terre, de l' eau consommée et des aliments produits ; 3/ parce que les intérêts capitalistes et les pays dominants accaparent les terres des paysans ; 4/ parce que les économies d'énergie auxquelles les pays développées vont être soumis leur imposera une relocalisation de l'économie, et donc une réorganisation complète des productions agricoles. 

Faim dans le monde

La terre ne manque pas mais elle est mal utilisée, la consommation et donc la production de viande multiplient par 7 le besoin en surface agricole par rapport à l'équivalent en protéine de céréales. Si les pays du tiers monde consommaient autant de viande que les occidentaux, la Terre n'y suffirait pas. Il convient donc de réduire notre consommation de viande et de donner la priorité aux productions céréalières et de légumineuses riches en protéines. Par ailleurs, l'augmentation des surfaces bétonnées et goudronnées réduisent également les surfaces cultivées. Les productions maraîchères sont repoussées toujours plus loin des centres urbains. 

Pollution

L'agriculture intensive est une œuvre de destruction massive de la vie sur terre. La vie biologique de la terre a pratiquement disparu dans les terres forcées aux engrais chimiques et polluées par les désherbants et traitements multiples, ces terres sont devenues stériles, sans engrais chimiques elles ne produiraient plus rien, ceci est particulièrement vrai pour les terres céréalières de la Beauce ou pour certains vignobles forcés. En plus de stériliser les terres, les traitements polluent les rivières et nappes phréatiques, empoisonnent les hommes mais aussi les agriculteurs qui utilisent ces traitements. Un nouveau danger est celui des cultures OGM, dont les conséquences sur la santé sont encore mal connues, de plus elles rendent les paysans complètement dépendants des grands semenciers. 

L'accès  à la terre

La captation de la terre par les intérêts capitalistes s'accélère, dans les pays de l'Est et en Afrique. Les politiques agricoles depuis l'après-guerre se sont concentrées sur l'augmentation en volume de la production agricole. Le nombre des paysans a considérablement diminué ne représentant plus que 3% de la population. D'autre part la propriété s'est concentrée en de moins en moins de mains, et l'accès à la terre devient un vrai parcours du combattant pour tous ceux qui veulent démarrer une exploitation agricole. Trouver ne serait-ce qu'un hectare pour faire du maraîchage est particulièrement difficile pour les jeunes non issus du milieu agricole. Les SAFER privilégient les exploitants en place, les chambres d'agriculture soutiennent les intérêts des gros exploitants présents dans tous les conseils d'administration. L'accès à la terre est le problème numéro un des futurs paysans bio. Pourtant la demande est forte, la France importe une bonne partie de ce qu'elle consomme, l'approvisionnement des cantines qui se voudraient bio est un vrai casse-tête, il n'y a pas assez de producteurs. Même les Amap refusent de nouveaux adhérents faute d'une production suffisante. 

Relocalisation de la production

Les produits agricoles font des distances considérables pour parvenir jusqu'au consommateur, alors que dans 90% des cas ils pourraient être produits localement. L'économie de marché au prix libre conduit à ce genre d'aberration. Les économies en énergie ne pourront se réaliser que grâce à une réorganisation complète des productions.  

Nos propositions 

Au niveau régional, une politique active en faveur d’une autre agriculture est nécessaire et possible : 

- aider l'installation de jeunes paysans bio et aider à la reconversion. Sur un plan social quiconque devrait avoir le droit à un lopin de terre pour le jardin familial. 

- agir contre la production OGM.

- promouvoir un plan de développement ambitieux de l’agriculture biologique

- aider à la sauvegarde des variétés de semences anciennes et locales et les libérer de la brevetabilité.

- soutien de la région aux agriculteurs qui luttent pour la liberté  de vaccination

- limiter la capitalisation des terres et les mettre à l'abri des groupes financiers ainsi que des promoteurs et bétonneurs.

- favoriser les circuits courts de distribution, basés sur la production locale.

- développer la restauration bio dans les établissements scolaires.

- agir pour le préservation de la ressource en eau, contre les subventions à l’agriculture intensive irriguée (contre le barrage de Charlas).