Publié le Mercredi 13 janvier 2021 à 12h27.

Sept EPR… bonjour les dégâts !

Coups bas et grandes manœuvres dans l’énergie.

Démarrage repoussé à fin 2023 (16 ans de construction au lieu de cinq), coût passé de trois à 20 milliards, le gouvernement a avoué en octobre 2019, par la voix de Bruno Le Maire, que l’EPR était un « échec pour la filière ».

Les dangers du projet Hercule

Avec le projet Hercule (fils de Jupiter, dieu suprême des RomainEs !), le pouvoir a donc organisé la socialisation des risques économiques au profit des capitalistes. EDF serait découpée en trois morceaux : « vert » pour la distribution d’électricité et les renouvelables (juteux, coté en bourse), « azur » pour les barrages hydroélectriques (bradés à Total, Engie et autres trusts de l’énergie) et « bleu » pour les centrales nucléaires (100 % public). Contre ce démantèlement, les travailleurEs d’EDF seront en grève les 19 janvier et 4 février (déjà 40 000 grévistes en décembre, à 60 % dans la production nucléaire).

C’est à l’usine Framatome du Creusot, où sont forgées les pièces maîtresses des réacteurs des sous-marins et porte-avions nucléaires, mais aussi la cuve du réacteur de l’EPR, que Macron le jupitérien a tranché : « Notre avenir énergétique et écologique passe par le nucléaire ». Son soutien à cette filière mortifère est net et définitif : « Sans nucléaire civil, pas de nucléaire militaire, sans nucléaire militaire, pas de nucléaire civil ». C’est surtout un bras d’honneur aux générations futures, la forge du Creusot ayant falsifié entre 2005 et 2013 des dossiers pour cacher des défauts de fabrication. La cuve défectueuse de l’EPR de Flamanville, une énorme pièce d’acier (425 tonnes, 7 mètres de diamètre, 11 mètres de hauteur) a été installée dans l’enceinte du réacteur en janvier 2014. Or, depuis 2007, ses défauts étaient connus d’EDF : des impuretés de carbone fragilisent l’acier au fil du temps. Malgré ce risque évolutif de rupture de la cuve, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a autorisé EDF, le 12 octobre 2020, à remplir la piscine de l’EPR de Flamanville de combustible nucléaire, en vue d’un chargement du cœur du réacteur dans la cuve en 2022.  

Le nucléaire, une énergie dépassée du passé

Le 8 décembre 2020, Macron a annoncé la construction d’un nouveau porte-avions nucléaire et dès 2023, de trois paires d’EPR2 « nouveau modèle » sur des sites EDF, dont les deux premiers à Penly (concédé par Sarkozy en 2009 à Engie pour y construire un EPR, sans succès). Les autres sites pressentis, très exposés, sont de bons candidats pour une prochaine catastrophe : Gravelines (explosion du terminal méthanier de Dunkerque), Bugey (séismes, inondations), Tricastin (séismes, inondations, ruptures de barrages). Avec six réacteurs à Gravelines, quatre à Bugey, quatre au Tricastin, des effets dominos sont à redouter, comme à Fukushima où l’accident nucléaire s’est propagé à trois des six réacteurs de la centrale.

Lors d’une interview sur Brut (4 décembre 2020), Macron s’est justifié : « Moi j’assume à fond. Je crois dans l’écologie, je suis pour qu’on soit parmi les champions de la lutte contre le réchauffement climatique. » Le nucléaire, « énergie décarbonée, non intermittente » ? Décarbonée, faux ! Intermittents, les réacteurs vieillissants, à l’arrêt pour maintenance et avaries, le sont bel et bien ! Quant au « bilan bénéfices-risques », c’est plié : déchets « millénaires », catastrophes « à venir »…

Les énergies renouvelables, de plus en plus performantes partout sur la planète, sont à développer. Il importe d’abord de réduire la consommation énergétique et de supprimer des productions inutiles, dangereuses, énergivores. Le nucléaire en pleine banqueroute régresse… Mais Macron s’entête : « Moi, j’ai besoin du nucléaire. Si je ferme le nucléaire demain, qu’est-ce que je fais ? » Réponse dans les prochaines mobilisations qui se préparent autour des sites concernés. On n’a pas fini d’en reparler.