Crédité de 2 % dans certains sondages pour les élections européennes 2024, le Parti animaliste (PA) veut améliorer son score du scrutin de 2019 (2,16 %), où il avait talonné le PCF (2,5 %) et devancé Lutte ouvrière (0,78 %), deux partis habitués des élections européennes. S’il peut contribuer à promouvoir la cause animale, ce vote permet-il de s’attaquer à la société spéciste ?
Fondé en 2016, le PA entend faire évoluer la société pour la prise en compte des intérêts des animaux et repenser la relation entre animaux et humainEs. Il se dit monothématique. Ce choix n’est certes pas le nôtre. Mais il peut trouver sa justification tant les animaux sont ignorés du champ politique – le PA et la REV, qui contrairement au PA se déclare ouvertement antispéciste, faisant exception – y compris à l’extrême gauche ou réduits au rôle de faire-valoir pour des besoins de communication (Marine Le Pen posant avec ses chats lors de la dernière campagne présidentielle, Gabriel Attal présentant sa chienne à son arrivée à Matignon). Par ailleurs, nous sommes favorables à la création libre de partis politiques, y compris sur des sujets particuliers.
Pas de remise en cause du modèle industriel d’exploitation des animaux
Le PA propose des mesures qui vont plus loin que la recherche d’un « bien-être animal » qui laisserait inchangé le modèle industriel d’exploitation des animaux – par exemple la reconversion des élevages vers une agriculture végétale biologique, l’interdiction de la chasse ou un statut juridique pour les animaux codifié dans un code de la protection animale. Il ne propose toutefois pas de rompre avec les traités européens, estimant que l’Europe peut être le moteur de changements pour les animaux. En outre, son programme est limité : il n’est pas question de fermer les abattoirs mais d’y interdire les pratiques génératrices de souffrance pour les animaux et les humainEs, et de diviser par deux le nombre d’animaux tués. L’autre moitié appréciera...
Le caractère transpartisan assumé du PA, au motif que les « animaux ne doivent pas être otages des clivages politiques » nous semble problématique. Dans les scrutins locaux, le PA a été capable de s’allier aussi bien avec la FI qu’EÉLV, l’UDI ou Les Républicains. Le PA entend ainsi tirer parti de la décomposition du champ politique et du fait que la cause animale influencerait, selon un sondage paru en 2021, le vote de 47 % des électeurEs. Selon sa tête de liste, Hélène Thouy, la crainte de perdre des voix serait en effet la meilleure façon de mobiliser les partis politiques.
Une stratégie qui refuse de choisir entre gauche et droite
Cette stratégie, qui ressemble à celle de l’écologie quand elle refusait de choisir entre droite et gauche, est pour nous une impasse. Elle dépolitise la question animale en séparant l’exploitation des animaux des autres formes d’exploitation et de domination produites par le système capitaliste. Or l’émancipation des animaux n’est pas compatible avec des partis qui cherchent à intensifier l’exploitation humaine au profit d’une minorité ou à détruire les droits des oppriméEs et les libertés démocratiques. Dans le contexte du scrutin européen, elle exige une démarcation forte du bloc réactionnaire et de l’extrême-droite donnée au plus haut des intentions de vote.
Pour autant, une gauche de rupture qui n’en ferait pas l’un de ses repères serait condamnée à laisser le terrain à d’autres. C’est l’option prise par la REV en ralliant l’Union populaire aux élections législatives de 2022. De son côté, le NPA-l’Anticapitaliste doit éviter l’écueil d’un traitement détaché de la question de la libération animale. Elle doit être pleinement intégrée à l’élaboration d’un projet écosocialiste, révolutionnaire, garantissant l’émancipation de toutes et tous, humainEs et non-humainEs.
Commission cause animale