L’empire Apple, l’une des multinationales les plus puissantes au monde, accuse l’association Attac, suite à des actions de cette dernière, de « vandalisme » et d’« atteinte à la sécurité », et demande une astreinte de 150 000 euros en cas d’actions futures. Appliquant le principe militaire qui veut que la meilleure défense soit l’attaque, au lieu de faire profil bas, la multinationale, championne de l’évasion fiscale et de l’obsolescence programmée, aussi nuisible au plan social qu’au plan écologique, assigne les militantEs en justice.
Remettons les choses à l’endroit. Apple a mis en place un véritable « hold-up mondial » sous la forme d’un système d’évasion fiscale particulièrement efficace. Faisant passer la domiciliation des filiales dans lesquelles elle déclare ses bénéfices d’un paradis fiscal à l’autre, de l’Irlande à Jersey, le groupe paye en moyenne 4,5 % d’impôts sur ses bénéfices à l’international, alors qu’ils représentent pourtant les deux tiers de l’ensemble de ses bénéfices. En août 2016, Apple a été condamné par la Commission européenne à une amende de 13 milliards d’euros à payer sous quatre mois, dont elle ne s’est toujours pas acquittée. Face à ce scandale, Attac a lancé une campagne publique #ApplePayeTesImpôts et, le 2 décembre, a organisé, avec d’autres forces, une série d’actions d’occupation d’Apple Store dont celui de l’Opéra à Paris.
Crime de lèse-majesté. Apple ne supporte pas qu’on informe le public sur ses pratiques frauduleuses. Il s’agit bien évidemment, à l’instar du procès intenté par BNP Paribas qui poursuit en justice une militante d’Attac, coupable d’avoir participé en mars 2016 à une action de « fauchage de chaises », de tenter de bâillonner celles et ceux qui dénoncent le vol organisé que constituent l’évasion et la fraude fiscales.
Les deux convocations, le 6 février devant le tribunal de Carpentras et le 12 février devant le tribunal de grande instance de Paris, constituent deux rendez-vous militants contre les tentatives d’intimidation respectivement de BNP Paribas et d’Apple.
Nous serons, bien évidemment, au côté de ces militantEs « lanceurs d’alerte », qui jouent un rôle de salubrité publique à l’heure où le gouvernement préfère stigmatiser et traquer les chômeurEs plutôt que de lutter concrètement contre la fraude des multinationales et des banques.
Christine Poupin