Le 8 février dernier, le gouvernement a adopté le projet de loi de programmation militaire 2019-2025. Il définit les moyens accordés à l’armée pour les sept années à venir. Au total, il s’agit de près de 295 milliards, dont 198 milliards jusqu’à la fin de la présidence Macron, soit en moyenne 39,6 milliards d’euros par an, à comparer aux 34,2 milliards du budget pour 2018. Le gouvernement souligne que sur les 5 années à venir, l’effort pour les armées sera de 23 % supérieur à celui des années 2014-2018.
Tous les commentateurs ont souligné cette hausse qui s’inscrit dans une dangereuse tendance générale à la militarisation dans le monde. Tous les commentateurs… sauf les Républicains qui ont pinaillé sur le calendrier et surtout, de façon plus inattendue, La France insoumise. Le jour même du conseil des ministres, Jean-Luc Mélenchon, accompagné de deux députés, convoquait une conférence de presse où (citation du site de la FI) « ils ont dénoncé le manque de moyens pour l’armée et la faible vision stratégique du pouvoir macronniste. » En évoquant la « faible vision stratégique », Mélenchon semble parler des interventions en Afrique, négligeant le fait qu’il s’agit au contraire d’une stratégie bien établie : depuis 1978, l’armée française est intervenue près de 70 fois à l’extérieur, essentiellement en Afrique et, comme le souligne l’économiste Claude Serfati, l’activisme militaire vise à maintenir le « rang » par rapport à l’Allemagne d’une France économiquement en déclin.
Le discours sur le « manque de moyens » traduit une fois de plus le fait que la manie de la FI de brandir à tout bout de champ le drapeau tricolore n’est pas une simple tactique pour se rendre plus présentable (comme le croient ou font semblant de le croire certains) mais une adhésion profonde de Mélenchon à un « social-impérialisme » qui exalte la France « universelle » car « présente sur les cinq continents ».
D’autant que la presse financière donne quitus à Macron : « Budget de la défense : les armées et les industriels rassurés », titrent ainsi les Échos du 9 février, rappelant sans fard que le budget militaire est un gigantesque fromage pour les capitalistes, marchands de canons en tête.