Depuis le début de l’année, le gouvernement ne cesse de se féliciter des créations d’emplois portées par la « reprise économique ». Et pourtant…
Les créations d’emplois ont atteint 697 400 en 2021 selon l’Insee : un record pour les vingt dernières années. Si bien que le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, promet désormais le « plein emploi ». Un objectif qui pourrait même figurer au programme du candidat Macron, avec, pour y parvenir, la promesse de nouvelles baisses d’impôts et de cotisations sociales, vieilles recettes qui n’ont jamais prouvé leur efficacité, sauf à augmenter les profits.
Emplois précaires et sous-payés
L’optimisme du gouvernement est en décalage complet avec la réalité du monde du travail. D’abord parce que, après les destructions d’emplois de 2020, le bilan est loin d’être un record : 380 100 emplois de plus qu’avant la crise sanitaire, c’est moins en rythme annuel qu’entre 2015 et 2019. Et c’est oublier les 5,4 millions de chômeurEs toujours inscrits à Pôle emploi. Qui plus est, nombre de secteurs n’en ont pas fini avec les suppressions de postes. L’industrie a perdu 34 000 emplois en deux ans, et les fermetures d’usines se poursuivent. Dans le secteur automobile, les réorganisations prévues au nom de la transition énergétique menacent plusieurs milliers d’emplois. Et ce ne sont pas les emplois précaires et sous-payés créés dans la restauration, la logistique, le nettoyage ou l’aide à domicile qui compenseront ces pertes. La lutte pour l’interdiction des licenciements et le partage du travail entre touTEs reste à l’ordre du jour.
Enfin, si le taux d’emploi est au plus haut depuis 1975, avec un chômage officiel en baisse, c’est pour laisser place à plus de précarité. Les nouveaux emplois sont surtout occupés par des jeunes, dont le taux d’emploi a bondi en 2021. Mais quels emplois ? Au prétexte de la crise sanitaire, le gouvernement a distribué de nouvelles aides pour l’embauche d’apprentis, dont le travail est devenu quasi gratuit pour le patronat. Si bien que 27 % des 15-24 ans en emploi en 2021 sont en stage ou en alternance, contre 17 % en 2019. Les autres sont très souvent en CDD, intérim ou « indépendants », le plus souvent ubérisés. En 2021, seuls 41 % des jeunes sont en emploi à durée indéterminée, contre 45 % en 2019. Mais c’est toutes classes d’âge confondues que les emplois à durée indéterminée stagnent, tandis que les emplois précaires progressent. L’intérim a connu un nouvel essor en 2021 et dépasse de 6,3 % son niveau d’avant crise…