Publié le Lundi 18 juillet 2016 à 11h52.

Barroso : un drôle de cumul emploi-retraite

L’ancien président de la Commission européenne de 2004 à 2014, José Manuel Barroso, vient d’être embauché par un géant de la finance américaine : la banque d’affaires Goldman Sachs. Il prend la présidence non exécutive du conseil d’administration de Goldman Sachs International (GSI) : derrière ce titre, des fonctions de conseiller, notamment sur les affaires européennes. « José Manuel va apporter une analyse et une expérience immense… Nous sommes impatients de travailler avec lui », ont déclaré les dirigeants de Goldman Sachs International.

Rappelons que Goldman Sachs, avant la crise financière, a continué à placer des titres subprimes auprès de sa clientèle tout en étant parfaitement au courant de leur fragilité et en limitant ses propres risques. En Europe, Goldman Sachs a aidé à maquiller les comptes publics de la dette grecque avant son entrée dans la zone euro avant de spéculer sur cette dette. Durant son mandat de président, Barroso s’était montré un fidèle serviteur de la finance, s’opposant longtemps à toute régulation en ce domaine. Depuis son départ de Bruxelles, il aurait accepté au moins 22 postes, pas tous rémunérés, mais dont certains étaient liés à des lobbys de grandes entreprises.

Le cas Barroso est particulièrement scandaleux, mais il est loin d’être le seul. D’après une étude de la fin 2015, un tiers des commissaires (9 sur 26) dont le mandat s’est achevé en 2014 exercent aujourd’hui des rôles au sein d’entreprises ou d’autres organisations reliées aux grandes entreprises. Interrogée sur le cas Barroso, la Commission a rétorqué qu’il n’avait violé aucune règle... C’est bien là le problème ! Non seulement les commissaires européens (comme bien des dirigeants des États-membres) sont à l’écoute des lobbies patronaux, mais ils passent directement à leur service après leur cessation de fonction.

« Séparation du Medef et de l’État », réclamait Nuit debout. Ce mot d’ordre est bien d’actualité, au niveau français comme dans toute l’Union européenne. Mais pour le concrétiser, c’est au capitalisme lui-même qu’il faut s’attaquer.