Publié le Lundi 11 avril 2016 à 19h43.

FN & Co. : Y a bon mondialisation (financière)

Toute l'extrême droite bruisse d'indignation, depuis une semaine, à propos des révélations des « Panama papers » en matière d'évasion fiscale internationale. Alors que d'habitude, l'extrême droite fait de l'agitation contre la mondialisation (ou « le mondialisme ») qui, selon elle, menacerait les nations et les travailleurs en même temps, on aurait pu s'attendre à ce qu'elle s'insurge contre les paradis fiscaux. Or, rien de tel. 

Son indignation à elle est dirigée contre les révélations elles-mêmes, et/ ou leur source supposée. Dernière expression en date, le site Internet fasciste « Riposte Laïque » publie (dimanche 10 avril) un article intitulé: « Panama papers, Soros : gigantesque manipulation médiatique en vue. » Le coupable, à ses yeux, est le speculateur nordaméricain George Soros, qui soutient plusieurs ONG et qui serait – selon le média d'extrême droite - derrière les révélations faites par 110 médias dans le monde. Riposte Laïque prétend que «  ce sont (…) les réfractaires au Nouvel Ordre Mondial qui sont visés » par les révélations. A savoir, de tels vaillants résistants (à ses yeux) aue Vladimir Poutine, le dictateur syrien Bacher Al-Assad – que le média fasciste soutient mais écrit curieusement « El-Hassad », sic - ou encore Marine Le Pen.  

Trois jours auparavant, la présidente du FN avait elle-même réagi à l'affaire « Panama papers » par un communiqué furieux, sous le titre « Le Monde, cette imposture », qui détournait le titre d'un éditorial du journal paru en 2015 (« Le FN, cette imposture »). La bavure aux lèvres, Marine Le Pen y attaquait le journal du soir – qui avait participé à la publication des informations sur le Panamagate, dans l'Hexagone -, évoquant une « gigantesque offensive médiatique contre le Front national » et un « flot ininterrompu de supputations, d'amalgames, d'insinuations ». 

De quoi s'agit-il, au fond ? Le quotidien du soir avait épinglé le rôle de Frédéric Chatillon, ami de Marine Le Pen (elle avait attiré l'attention en février 2003 en injuriant un policier, qui faisait irruption à une fête bruyante dans l'appartement de Chatillon où elle se trouvait), soutien actif au régime tortionnaire de Bacher Al-Assad et prestataire de services du FN avec sa société Riwal. Depuis le 23 janvier 2015, il est par ailleurs mis en examen pour faux et usage de faux, escroquerie, abus de biens sociaux et blanchiment ; le tout dans une affaire de financement illégal de ce parti au détriment de l'Etat. Dans ses conditions, il est difficile de prétendre, comme Marine Le Pen le fait dans son communiqué, que les activités pécuniaires de Chatillon n'ont rien à voir avec son parti.

Les nouvelles révélations ont été publiées le mardi 5 avril. Ca tombait plutôt mal pour le FN qui, quelques heures auparavant, avait encore fustigé la « mondialisation sauvage » dans un communiqué consacré au début de l'affaire « Panama papers ». C’est Frédéric Chatillon qui, le lundi soir 4 avril, avait averti sur Facebook qu’il allait faire l'objet de révélations le lendemain. A la suite, le FN en était réduit à défendre ses agissements financiers internationaux, au nom de l'idée qu'ils n'étaiént soi-disant « pas illégaux »... ce qu'une enquête judiciaire devrait démontrer.

Selon un article du Monde, « un système offshore sophistiqué a été mis en place entre HongkongSingapour, les îles Vierges britanniques et le Panama. Il a été utilisé pour sortir de l’argent de France, au moyen de sociétés écrans et de fausses factures avec la volonté d’échapper aux services antiblanchiment français ». Frédéric Chatillon, lui, se trouvant « au coeur de cette ingénerie [sic] financière off-shore ».

Chatillon fut conseillé, pour sortir 316.000 euros du territoire français, par l'expert-comptable Nicolas Crochet. Or, le même individu avait été chargé en 2012 d'élaborer le programme économique de Marine Le Pen pour l'élection présidentielle.

Elle semble avoir du bon, finalement, cette mondialisation financière... tant qu'elle permet à des fascistes français de s'enrichir, ou d'échapper aux impôts ! L'extrême droite, ça restera encore et toujours, au fond, une logique du « droit du plus fort ».