Publié le Vendredi 21 mars 2025 à 08h00.

Nouvelle offensive de Bardella et Maréchal en Israël

Jordan Bardella et Marion Maréchal sont invités les 26 et 27 mars à Jérusalem par le gouvernement Netanyahou, comme intervenantEs à une conférence internationale pour « lutter contre la menace mondiale de l’antisémitisme moderne ».

 

Après sa participation à la marche contre l’anti­sémitisme en novembre 2023 à Paris, le RN cherche, avec cette invitation, à valider son brevet de lutte contre l’antisémitisme en tournant la page Jean-Marie Le Pen et franchit une nouvelle étape dans sa normalisation. Bardella et Maréchal-Le Pen seront en compagnie d’autres représentants de l’extrême droite antisémite : la Fidesz (Hongrie), le FPÖ (Autriche), la Ligue (Italie), Vox (Espagne) et les Démocrates de Suède (ces derniers sont infiltrés par des néonazis…).

Il n’y a, en fait, rien de surprenant à cette invitation de personnalités ayant l’antisémitisme dans leur ADN. C’est une forme de « retour aux sources » qui permet de démasquer tant le RN que le sionisme. 

Le sionisme est un séparatisme raciste

Le sionisme porte évidemment un racisme anti-arabe ; celui-ci fut même endossé comme tel par Roger Cukierman, ancien dirigeant du CRIF (relais de la propagande israélienne en France), qui a ainsi déclaré lors du second tour de l’élection présidentielle en 2002 : « Maintenant les Arabes vont se tenir tranquilles ». Mais dès le départ le sionisme entretient des liens d’affinité avec l’anti­sémitisme même. Pour promouvoir son projet d’État juif, Herzl n’a pas hésité à s’allier avec des dirigeants antisémites (dont le Tsar Nicolas II de Russie). Les antisémites et les sionistes ont finalement le même projet : inciter les juifs à quitter les pays où ils vivent… C’est le sens du soutien de Arthur Balfour (ministre des Affaires étrangères du gouvernement britannique en 1917) au sionisme. C’est la raison pour laquelle le sionisme fut longtemps très minoritaire parmi les juifs et les juives qui voyaient en lui un danger mortel.

Herzl ne fait pas de la lutte contre l’antisémitisme un élément de son projet, au contraire. Il écrit à propos de l’affaire Dreyfus : « Je suis parvenu à une attitude plus dégagée envers l’antisémitisme, que je commence à comprendre historiquement et à excuser. Par-dessus tout, j’ai reconnu la vacuité et la futilité de combattre l’antisémitisme. » 

Combattre l’antisémitisme et la normalisation de l’extrême droite

Les dirigeantEs du RN ont bien conscience de l’enjeu de cette visite. Dès 2014 Louis Aliot déclarait : « C’est l’antisémitisme qui empêche les gens de voter pour nous. Il n’y a que cela. À partir du moment où vous faites sauter ce verrou idéologique vous libérez le reste ». De ce point de vue, après sa participation à la marche contre l’antisémitisme en novembre 2023 à Paris, le RN, avec cette invitation, valide son brevet de lutte contre l’antisémitisme et franchit une nouvelle étape dans sa normalisation. Dans le même temps, l’instrumentalisation de l’antisémitisme le banalise et le nourrit. 

Aujourd’hui il est crucial de rappeler que ce sont les soutiens de l’État d’Israël qui mettent une cible sur les juifs et juives et les mettent en danger. La construction, par les sionistes, d’une égalité entre Israël et juifs et juives relève bien d’une essentialisation typique des dynamiques de racialisation. Nous n’avons pas de leçons à recevoir de tous ceux qui défendent un projet raciste, génocidaire en congruence avec l’antisémitisme. C’est le mouvement de solidarité qui, en revendiquant l’égalité des droits de la mer au Jourdain, est antiraciste et le meilleur allié des juifs et des juives.

Loin des errements douteux dans lesquels des dirigeantEs de gauche peuvent parfois se perdre, l’anti­sémitisme doit être pleinement pris en charge par le mouvement de solidarité avec la Palestine et par le mouvement antiraciste. Nous devons prendre des initiatives en ce sens. Il est vital pour la gauche antisioniste et le mouvement de solidarité d’être à l’offensive sur la question de l’antisémitisme.

William Daunora