L’extrême droite est la principale bénéficiaire du pourrissement institutionnel. Si on le laisse faire, Macron, incapable de trouver un gouvernement qui puisse durer, devra pousser toujours plus loin ses alliances vers la droite, jusqu’à amener le RN au pouvoir. Cela a déjà commencé.
La rentrée parlementaire de ce début d’octobre s’est ouverte sur une révélation majeure dans la presse : celle du plan secret de Macron pour faire gagner le RN aux législatives après la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024. Cette complaisance du pouvoir macroniste envers le RN s’est encore illustrée par leur pactisation pour décrocher des postes clés au sein de l’Assemblée.
Fin de majorité pour le NFP au Bureau de l’Assemblée
Le Bureau de l’Assemblée nationale représente la plus haute autorité de l’institution. Il est compétent pour diriger ses services, mais aussi pour se prononcer sur les sanctions disciplinaires envers les députéEs.
Alors que le Nouveau Front populaire en avait obtenu la majorité des postes l’année dernière, sans qu’aucunE députéE d’extrême droite n’y siège, le bloc macroniste laissait entendre depuis plusieurs jours sa volonté du retour du RN dans cette instance. Officiellement, il s’agissait de respecter le règlement de l’Assemblée, qui demande que le Bureau tende vers la représentativité des rapports de forces de la chambre. En réalité, c’était surtout une manière de justifier des négociations avec le parti d’extrême droite — voire un accord de non-censure.
Le résultat est sans appel : mercredi soir, deux députéEs RN ont été éluEs aux postes de vice-présidentEs de l’Assemblée grâce aux votes du bloc central. Grâce à ce pacte passé entre la macronie, LR, UDR (le parti d’Éric Ciotti) et le RN, toutes les présidences de commission ont été récupérées par le « socle commun » (sauf la commission des finances, qui doit être présidée par l’opposition). Par exemple, en commission des affaires culturelles et de l’éducation, c’est Alexandre Portier, ancien ministre LR et fervent défenseur des idées conservatrices — comme son opposition au programme d’éducation à la sexualité —, qui a obtenu la présidence à la place du PS.
Coalition avec le RN pour éviter la censure
La crise politique et institutionnelle dans laquelle le pays est plongé pousse le pouvoir à trouver des solutions pour garantir le maintien de l’ordre capitaliste. Au moment où nous entrons dans la période cruciale du budget de l’État et de la Sécurité sociale pour l’année prochaine, les libéraux ont fait leur choix : gouverner avec le RN pour éviter la censure et essayer de sauver un exécutif illégitime et pris dans l’étau des jeux politiciens à droite.
Comme le rappelait Ugo Palheta dans un récent entretien, « le barrage n’est pas une méthode efficace contre le fascisme. Il peut être utile dans un moment très précis et conjoncturel mais ne constitue pas une réponse. » Ne comptons pas sur les libéraux pour lutter contre le RN : ce sont toujours eux qui finissent par mettre l’extrême droite au pouvoir. Seules nos luttes pourront imposer une alternative à la montée du fascisme.
LM