Publié le Mercredi 29 janvier 2014 à 17h21.

Inégalités : dégageons ce système !

Hollande invoque l’intérêt de la France pour vendre son pacte de responsabilité. Et dans l’ensemble du monde, c’est le même discours : nous serions tous dans le même bateau face à la crise et aux efforts nécessaires. Cette fable est jour après jour démentie par les faits.

En témoigne d’abord une étude anglaise sur les personnes qui possèdent plus de 1 million de dollars disponibles pour investir (ce qui veut dire que l’ensemble de leurs biens dépassent largement 1 million de dollars). Fin 2013, on en comptait 12,5 millions dans le monde, 46 % de plus qu’en 2008. Avec 550 000, la France reste la 7e puissance mondiale en nombre de millionnaires. Et ils ne s’oublient pas : les entreprises du CAC 40 ont versé en 2013 43 milliards d’euros à leurs actionnaires (soit 4 % de plus qu’en 2012). 

Le nombre de ces millionnaires augmente partout, y compris dans des pays où la majorité de la population est dans la misère. Comme le note un consultant cité par le journal économique les Échos, « Certains pays comme le Nigeria connaissent une forte propagation de la pauvreté concomitamment à la hausse du nombre de millionnaires. »

Ils mènent la lutte des classes

C’est une nouvelle illustration du constat cynique du multimilliardaire américain Warren Buffett : « Il y a une lutte des classes, évidemment, mais c’est ma classe, la classe des riches qui a mené la lutte. Et nous sommes en train de gagner. » Ce même Buffett qui  s’est engagé à offrir la bagatelle de un milliard de dollars à celui ou celle qui parviendrait à prévoir parfaitement l’ensemble des résultats des phases finales du championnat universitaire américain de basket… Certes, que quelqu’un y arrive est hautement improbable mais, même si c’était le cas, cela ne ferait qu’ébrécher une fortune personnelle évaluée à 60,8 milliards de dollars.

Une autre étude émanant de l’ONG britannique Oxfam montre que près de la moitié des richesses mondiales (46 %) sont aujourd’hui détenues par 1 % de la population et que les 85 personnes les plus riches possèdent autant que la moitié la plus pauvre de la population. La concentration des richesses s’est poursuivie pendant la crise : l’« élite » mondiale est de plus en plus riche tandis que la majorité de la population est exclue du festin. 

Et encore, on ne sait pas tout, car la concentration réelle des richesses est sans doute plus forte car une grande partie de la richesse de ceux en haut de l’échelle est dissimulée dans les paradis fiscaux !

La richesse, c’est le pouvoir

Le problème n’est pas seulement que les riches soient riches, c’est aussi que les riches confisquent les institutions politiques à leur profit. Les exemples récents sont nombreux en divers domaines : diminution de la fiscalité sur les hauts revenus (les riches payent moins d’impôts alors qu’ils ont une part plus grande du gâteau), atténuation au maximum de tous les projets de régulation de la finance consécutifs à la crise (aux USA, les financiers ont employé des centaines de lobbyistes et dépensé plus d’un milliard de dollars en ce sens), maintien de réglementations favorables aux grands groupes et donc aux super-riches qui les contrôlent…Les alternances entre droite et gauche sont donc largement de façade. Mais cela va au-delà : le capital, ce n’est pas seulement des richesses, mais le pouvoir de licencier, de décider de ce qui sera produit et de ce qui ne le sera pas, de fermer une usine pour la rouvrir ailleurs avec des travailleurEs plus exploitéEs, le pouvoir de sacrifier la santé des travailleurs et l’écologie aux profits à court terme.

Imposer une autre logique

Les inégalités ne sont pas une aberration du système capitaliste mais correspondent à sa logique profonde. Elles ont reculé seulement lorsque ceux d’en bas ont bénéficié d’un bon rapport de forces. Elles s’accroissent aujourd’hui sans frein. 

Les partis socialistes qui prétendaient réduire les inégalités sans remettre en cause le système sont devenus des partis sociaux libéraux, de moins en moins sociaux, de plus en plus libéraux, et dont les dirigeants sont à genoux devant les nantis. Pour imposer une autre logique, il faudra des luttes et une relève politique. La fonction du NPA est d’y contribuer.

Henri Wilno