Publié le Jeudi 24 février 2022 à 13h00.

L’inflation galope, les actionnaires se protègent : il faut augmenter les salaires

Près d’unE salariéE sur deux fixe le revenu minimum pour vivre décemment à 1 789 euros par mois ; un quart à au moins 2 000 euros. C’est le résultat d’une enquête réalisée par le syndicat UNSA auprès de 40 000 salariéEs.

D’après les derniers chiffres publiés par l’INSEE, les prix des biens nécessaires à la consommation courante continuent de déraper. Sur un an (entre janvier 2021 et janvier 2022), les prix de l’énergie progressent en moyenne de 19,9 % — 24 % pour les produits pétroliers, 3,9 % pour l’électricité et 50 % pour le gaz. Ceux du transport ferroviaire augmentent de 6,8 %. Pour l’alimentation, les prix des produits frais progressent en moyenne de 4,0 %, les prix de la viande sont à + 2,0 % et le pain à + 3,3 %. Soit une moyenne de + 2,9 % pour l’ensemble des prix.

Ils ne comprennent que le rapport de forces

L’enquête de l’UNSA montre que, face à cette situation, l’augmentation de tous les salaires, l’encadrement du prix des loyers et des produits de première nécessité, ou la diminution des taxes sont les réponses les plus mises en avant par les salariéEs.

On est bien loin des « astuces » gouvernementales et patronales pour éviter de répondre à ces exigences légitimes : primes, intéressement, augmentations individualisées… Toutes mesures qui ont comme caractéristique commune d’apporter temporairement quelques dizaines d’euros de plus mais ne garantissent rien pour l’avenir.

Les patrons bloquent sur les augmentations générales sauf lorsqu’ils sont confrontés à des grèves. C’est ainsi que les salariéEs de Cora ont pu obtenir une augmentation de tous les salaires d’au moins 2,8 % (soit le niveau de l’inflation à fin 2021). « On est contents, même si c’est loin des 5 % qu’on demandait. Mais si on ne s’était pas mobilisé, c’est sûr qu’on aurait eu 0,5 % ou 1 %, comme d’habitude », souligne dans le Monde Julien Aquilina, délégué central CGT. Les salariéEs de la RATP ont fait grève le 18 février : la direction ne propose que 0,4 % d’augmentation générale (mais met en avant des hausses individuelles). Face à la grève, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal, a déclaré sur BFM : « J’avoue, je ne comprends pas ces grèves ». Nouvelle démonstration que ces gens-là ne comprennent que le rapport de forces.

« Geler les prix, pas les pauvres »

Grands patrons et actionnaires ont des moyens de faire respecter « en douceur » leur garantie de rémunération et de dividendes. Si leurs coûts augmentent, ils augmentent les prix (ou bien suppriment des emplois et font travailler plus intensément celles et ceux qui restent). L’inflation est d’une certaine façon une forme de la lutte des classes sur le terrain économique. Les salariéEs n’ont aucune raison d’en faire les frais.

En Grande-Bretagne, le problème est le même : « Les classes ouvrières ne devraient pas payer pour une crise qu’elles n’ont pas créée », a déclaré Laura Pidcock, secrétaire nationale de People’s Assembly, une organisation anti-austérité. Des manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes contre la hausse des prix. À Londres, des manifestantEs appelaient à « geler les prix, pas les pauvres », allusion à l’augmentation des factures qui conduisent des ménages à bas revenus à renoncer à se chauffer.

La question du pouvoir d’achat est centrale pour les salariéEs, le retraitéEs, les jeunes. Il faut non seulement le maintenir mais imposer une hausse des revenus jusqu’à un minimum de 1 800 euros par mois (soit à peu près ce qui est demandé par la majorité des personnes interrogées par l’UNSA). C’est un des axes forts de la campagne de Philippe Poutou, aussi bien dans les meetings que dans ses rencontres avec des salariéEs dans les entreprises.