Publié le Mardi 5 avril 2016 à 21h42.

« Panama papers », la réalité du capitalisme

Une enquête internationale a analysé les informations contenues dans les archives d’un cabinet d’avocats panaméen dénommé Mossack Fonseca spécialisé dans le montage de sociétés écrans offshore (extraterritoriales). Mossak Fonseca a ainsi créé et administré plus de 214 000 de ces sociétés écrans. Imaginons que vous ayez des revenus que vous ne souhaitez pas déclarer, soit parce qu’ils ne sont pas propres, soit tout bonnement parce que vous considérez que les impôts, c’est fait pour les naïfs. Mossack Fonseca vous aidera à monter une société dans un paradis fiscal, société qui ouvrira un compte sur lequel vous pourrez dissimuler des revenus qui y arriveront par le biais d’intermédiaires discrets...

L’existence de ce système était parfaitement connue des dirigeants de tous les pays. En effet, des extraits des fichiers de Mossack Fonseca avaient déjà fuité, vendus aux autorités fiscales allemandes, américaines et britanniques. La  France fait aussi partie des pays à qui avait été proposé l’achat de documents. Qu’ont décidé alors les ministres et responsables des impôts ? Mystère. En tout cas aucun banquier n’a été inquiété, et les banques françaises, qui ont multiplié les implantations dans les paradis fiscaux, en sont un des rouages, notamment la Société Générale.

L’observation de la liste des institutions et personnalités impliquées illustre aussi une nouvelle fois l’interpénétration entre finance et politique : en Russie (avec l’entourage de Poutine), en Chine (avec des membres de la famille ou des associés d’au moins huit hauts dirigeants du PC), en Argentine (le président), en Syrie, au Maroc, en Islande (le Premier ministre), etc. En France, outre Balkany et Cahuzac, apparaît Patrick Drahi, patron de SFR et Numericable, et actionnaire de nombreux médias (Libération, L’Express, BFMTV, RMC...). S’y ajoutent d’autres noms dont des proches de la direction du FN qui font leurs petites affaires, ce qui prouve une fois de plus que le discours antisystème de Marine  Le Pen n’est que du vent.

A force de parler de la finance en général, certains en oublient souvent la bourgeoisie. Les « Panama papers » rappellent qu’en dernière analyse, les profits arrivent dans la poche d’individus concrets qui, souvent, n’hésitent pas à utiliser toutes les ficelles pour échapper aux impôts. Il ne va certainement pas manquer de voix pour dire que seules quelques « brebis galeuses » sont en cause... En réalité cette affaire est bien un révélateur de la réalité du système capitaliste.