Lundi 23 mai, le ministre de l’Économie Le Maire a réuni les organisations patronales pour discuter du pouvoir d’achat. Du blabla supplémentaire pour éviter la seule mesure qui compterait : la hausse des salaires.
Le gouvernement prépare un projet de loi sur le pouvoir d’achat ; c’est annoncé en boucle sur les radios et télévisions. En fait, ce serait d’abord la reprise des mesures prises avant les élections concernant les prix de l’énergie (avec les « boucliers tarifaires » sur le gaz et l’électricité, la « ristourne carburants »). Il y aurait aussi un « chèque alimentation » et le maintien de la « prime Macron » qui serait augmentée et va changer de nom. Plus la hausse du point d’indice des fonctionnaires. En dehors de cette dernière mesure, il s’agit en fait de gestes qui ont une triple caractéristique : ils dépendent du bon vouloir du gouvernement ou des patrons (pour la prime Macron), ne donnent aucune garantie pour l’avenir (ce qui est donné une année pourra être supprimé la suivante) et, enfin, n’apportent pas de droits sociaux (la prime Macron ne compte pas pour la retraite). En un mot, il s’agit d’aumônes que notre bon prince réélu pour cinq ans veut bien accorder au peuple pour éviter qu’il grogne trop.
Les aumônes du pouvoir
La rencontre avec les patrons visait en principe à les convaincre de faire quelques gestes en plus de ceux faits par l’État. Et d’emblée, Le Maire a annoncé des engagements de baisse des impôts sur les entreprises. Mais malgré cette servilité du pouvoir, les représentants patronaux ont annoncé qu’il était hors de question qu’ils fassent un effort de leur côté. Certes, il y a eu quelques bonnes paroles sur les négociations de branche. Sur la prime Macron, les patrons ont rappelé qu’elle relevait de leur seule décision… Pour le reste, c’est niet. Le Medef a même sous-entendu que le gouvernement était trop généreux.
Ces gens-là devraient de toute manière s’entendre pour refuser ce qui seul serait important : une hausse des salaires, des retraites et des prestations sociales qui, non seulement, rattraperait l’inflation, mais les porterait aux niveaux nécessaires pour vivre décemment. Le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau fait la morale à ceux qui seraient tentés de revendiquer : « Tout le monde serait perdant en cas de hausses de salaire ». Ah bon ! Dans l’immédiat, ce sont les salariéEs et pensionnéEs qui prennent de plein fouet l’impact de l’inflation. Durant le premier trimestre 2022, le salaire mensuel de base du secteur privé a reculé de 2,3 % selon les chiffres du service statistique du ministère du Travail. Plus récemment, l’inflation a progressé de 4,8 % sur un an en avril et les prix alimentaires de 3,8 %.
Les entreprises veulent préserver leurs marges, les dividendes de leurs actionnaires et les rémunérations faramineuses de leurs dirigeants. Les grandes entreprises en particulier ont bénéficié des plans de soutien de 2020 et 2021 : comme le dit l’Observatoire des multinationales dans un rapport récent : « La solidarité nationale a été mise au service des actionnaires et des patrons du CAC 40 sans contreparties ». Et l’inflation est un des moyens de répercuter sur les salariéEs le coût de la crise actuelle et des hausses des matières premières.
Une priorité : l’échelle mobile
Avant 1982, existait en France un mécanisme d’échelle mobile qui préservait le pouvoir d’achat des salaires quand les prix augmentaient. Sa suppression a été une des premières capitulations de la gauche arrivée au pouvoir avec Mitterrand le 10 mai 1981. Nous en payons aujourd’hui les conséquences. Il faut la rétablir.
Au-delà, plus que jamais sont d’actualité les revendications que le NPA a défendues lors de la campagne Poutou et notamment la hausse du SMIC à 1 800 euros, 400 euros d’augmentation pour tous les salaires et les prestations sociales, la suppression de la TVA pour les produits de première nécessité.
Avec la défense des retraites, celle de nos moyens d’existence sera la bataille centrale dans la période qui vient. Capitalistes et gouvernement ont des objectifs affichés ou non. Les salariéEs doivent avancer leurs alternatives. Élections ou pas, il serait de la responsabilité des syndicats d’élaborer leurs plans d’action. Au niveau central, comme dans les branches et entreprises.