On ne saura jamais dans quelle mesure l’exfiltration d’Amélie Oudéa-Castéra, championne olympique du mensonge et du mépris social contre le ministère de l’Éducation, a retardé le remaniement, repoussé comme dans un mauvais sketch plusieurs fois par jour pendant 4 jours.
Ce départ forcé était une baffe pour le tout-puissant Macron, et pour un Attal dont on découvre en vitesse accélérée la morgue et le penchant autoritaire. Après deux jours de grève en une semaine (1er et 6 février), un début de mobilisation lycéenne avec des blocages de certains établissements, la nomination de Nicole Belloubet a été la seule modification à la liste des 15 ministères pré-affectés. Si on peut apprécier ce premier recul, il est indispensable de mesurer qu’il est le fruit de la crainte d’une extension de la mobilisation du monde de l’éducation… mais pour mieux poursuivre la politique engagée. Et cela même si, ou grâce, au fait que N. Belloubet est la seule personne un peu connue venant du PS à faire son entrée dans la team d’Attal.
Vers une dénationalisation de l’Éducation nationale ?
Les signaux sont là pour le prouver. Le jour même de la nomination de Belloubet au Conseil supérieur de l’Enseignement, les textes du « choc des savoirs » prévoyant la nouvelle (dés)organisation du collège ont été unanimement rejetés par les organisations syndicales de l’Éducation et des parents d’élèves. Cela devient d’ailleurs une habitude un mois après le même rejet du projet de réorganisation de la voie professionnelle. Les équipes gouvernementales montrent à quel point elles méprisent l’opinion des organisations syndicales, même les plus « sages » : FSU, UNSA éducation, FnecFP-FO, Sgen-CFDT et FEP-CFDT, CGT éduc’action, SUD éducation, ainsi que les représentantEs des parents d’élèves FCPE. D’autre part, le directeur du cabinet de la nouvelle ministre se trouve être totalement étranger au monde de l’éducation mais juriste spécialiste de la Constitution. Cela fait poindre l’éventualité que ce gouvernement veuille avancer à marche forcée sur des projets de dénationalisation de l’Éducation nationale. Si Belloubet devra mettre son mouchoir sur ses déclarations de 2005 contre les suppressions de postes ou celles de 2016 contre les groupes de niveaux et le port de la blouse au collège, elle pourra en revanche peut-être s’attaquer à la « territorialisation de l’enseignement ». Comme elle le déclarait en 2016 : « Partout les systèmes sont plus décentralisés qu’en France (dans plus des 3/4 des pays, les enseignants sont gérés au niveau local soit par les collectivités soit par les établissements) ; partout les établissements sont plus autonomes. Même lorsqu’elles entrent dans la pédagogie, il ne faut pas craindre cette extension des compétences des collectivités », soit répondre aux injonctions répétées de la Cour des comptes et aux demandes de Pécresse.
Un mouvement d’ensemble pour s’opposer point par point
D’où l’enjeu de ne pas lui laisser la moindre latitude et de passer au niveau supérieur de la mobilisation. Pour ce faire, il faut expliquer et dénoncer la cohérence du projet gouvernemental de construction d’une école qui forme les futures élites et dresse les futurEs exécutantEs. Et s’y opposer point par point : combattre les 650 suppressions de postes dans le 1er degré qui aboutiront à l’augmentation du nombre d’enfants dans les classes et la fuite vers le privé des familles qui voudront préserver leurs enfants. Refuser la mise en place du « choc des savoirs » par les groupes de niveaux qui achèvent le collège unique et qui enferment les enfants dans des trajectoires scolaires prédéterminées, largement dépendantes des critères socio-économiques de leurs parents. Défendre l’accès au lycée pour touTEs les élèves. Combattre la réforme de la voie professionnelle qui diminue encore le nombre d’heures d’enseignement des élèves. Refuser que les professeurES aient pour seule mission de trier et d’orienter, au lieu d’enseigner et donner des outils pour s’émanciper des déterminismes et conditionnements sociaux.
C’est tout l’enjeu des semaines qui viennent. Alors que les préparatifs de la rentrée permettent de prendre la mesure concrète des dégâts, il faut discuter des moyens de les empêcher. Les points d’appui peuvent se trouver dans les éléments de combativité offensive, comme le plan d’urgence défendu dans le 93, pour aller vers un mouvement d’ensemble de toute l’éducation, personnels, élèves et parents, à la hauteur du ras-le-bol et de la colère du monde de l’éducation.
Commission Éducation nationale du NPA