Publié le Jeudi 13 février 2020 à 00h14.

« Black Prof 32 » : Un collectif de combat pour aujourd’hui… et pour demain ?

Vendredi 24 janvier à Auch les Black Profs entrent en scène. En début de matinée des enseignants faisant partie de l’AG éduc 32 sont à l’initiative d’une action coup de poing devant une agence Axa. Dans la foulée, au départ de la manif interpro, la mairie est envahie. À son balcon une immense banderole est déployée. Au cours du défilé un cortège compact de profs vêtus tout de noir donne le rythme avant de s’emparer de la salle du Conseil municipal pour y organiser une AG.

L’émergence de ce cadre collectif qui réunit plusieurs dizaines d’enseignants du primaire et du secondaire s’inscrit dans un temps particulier du mouvement social. Les directions syndicales peinent à offrir un plan d’action pour la victoire avec pour effet une érosion de la mobilisation de masse. Les enseignantEs grévistes les plus déterminéEs ressentent alors le besoin urgent de radicaliser et de prendre pleinement en main leur lutte. Leur capacité à prendre cette initiative, visant de facto à s’affranchir du train-train imprimé par les appareils syndicaux, s’appuie en outre sur une accumulation d’expériences. L’étincelle émane de noyaux militants qui se nourrissent du combat contre la Loi travail, de Nuit Debout, du mouvement des GJ, de la lutte contre la réforme du lycée et du bac ou encore des nombreuses batailles locales.

Une réappropriation des luttes

La référence au fameux « Black Block » ainsi qu’à l’ennemi « Black Rock » a séduit tout comme il en a rebuté certains à l’image de Cazeneuve, député de la majorité, qui a hurlé au « fascisme ». La couleur évoquant entre autres le deuil du service public de l’éducation et les hussards noirs de la République a marqué les esprits. Les actions, les chants, les slogans et la détermination affichée ont participé à transformer le visage des journées syndicales auscitaines. L’énergie qui s’en dégage a permis d’entrainer des travailleurs d’horizons divers dans un esprit de convergence entre les différents secteurs du monde du travail. L’occupation de l’hôpital d’Auch avec les hospitaliers pour une nuit des retraites et des services publics symbolise cette volonté de construire les conditions d’un soulèvement généralisée. 

Si le collectif est précieux, il est aussi fragile. De nombreuses questions sont en suspens. Le Black Prof 32 sera-t-il en mesure de concilier ouverture en direction d’autres secteurs et mobilisation au sein des écoles, collèges et lycées ? Se gardera-t-il de s’enfermer dans une logique minoritaire ? Alors que sa vocation quasi exclusive jusqu’ici est le combat pour les retraites, survivra-t-il à cette séquence ? Œuvrera-t-il, en lien avec les lycéens, à réunir dans une même et seule bataille les différentes luttes qui ont cours dans l’éducation et au-delà ? Aura-t-il la volonté de globaliser la riposte face à l’État et à la bourgeoisie qui nous ont déclaré une guerre totale ? Les réponses ne pourront être données qu’en continuant à agir au cœur du mouvement social avec le souci à la fois de le radicaliser et de le massifier.

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