Publié le Mercredi 29 juin 2011 à 23h40.

Chatel joue sur les angoisses

Mardi 21 juin, les bacheliers passent l'épreuve de maths, la plus anxiogène du bac, à la veille des épreuves de physique-chimie et de sciences de la vie et de la terre (SVT). L'immense majorité d'entre eux apprend par la suite que l'exercice 1 de l'épreuve a été divulgué dans la nuit du lundi au mardi sur un site internet de jeu vidéo. Tous les médias s'emparent de cette affaire avec son lot de rumeurs, créant un climat ne permettant pas aux jeunes de passer leurs épreuves dans le climat de sérénité dont ils ont besoin.

Pour beaucoup, l'ampleur de la fuite paraît minime d'autant que, parmi les quelques rares jeunes y ayant eu accès, certains ont cru à un canular. Pour la plupart des personnels appelés à corriger, cela ne devait a priori rien changer quant à la manière d'évaluer l'épreuve de maths.

C'est avec un certain étonnement qu'ils apprennent mercredi midi par les médias (alors qu'ils sortaient de réunions de correcteurs) que le ministre a décidé de neutraliser l'exercice 1. Cet exercice de probabilités avait paru à juste titre assez simple à de nombreux jeunes par rapport aux exercices suivants. Cette solution va évidemment pénaliser les élèves moyens (ou moins) en maths. L'Association des profs de maths de l'enseignement public (Apemp) indique ainsi que les copies faibles ou moyennes pourraient « perdre de un à deux points par rapport à l'ancien barème », les copies fortes n'étant pas affectées.

Luc Chatel, toujours à l'affût du bon coup politique, ne quitte plus depuis la scène médiatique pour s'exprimer sur ce sujet. Mais plus il cause, plus il mécontente les jeunes, les parents et les enseignants. Des recours sont déposés, une pétition est en ligne. Peu importe, pour le gouvernement, l'occasion est trop bonne : on ne parle plus des suppressions de postes, on se focalise sur la politique sécuritaire à mener contre les fraudeurs.

Fin juillet, pendant les vacances scolaires donc à nouveau sans discussion préalable, le ministre doit ainsi annoncer des mesures pour « sécuriser le bac ». Il faut dire que depuis plusieurs jours, les médias insistaient lourdement sur les nouvelles technologies et les fraudes au bac. Outre cette campagne sécuritaire, la discussion sur la suppression du bac comme examen national auquel lui serait substitué un contrôle continu revient en force. François Fillon qui s'y était essayé en 2005 avait pourtant dû abandonner son projet devant la pression de la rue où jeunes, parents et personnels de l’Éducation scandaient « dans tous les quartiers, dans toutes les régions, un même droit à l’Éducation » (craignant à juste titre qu'un bac en contrôle continu obtenu à Vitry n'aurait pas la même valeur qu'à Neuilly). Peut-être aussi l'occasion était bonne pour Chatel et le gouvernement de faire oublier la tricherie d'un de ses prédécesseurs, Luc Ferry, sur son emploi à l'université (voir Tout est à nous ! n° 107), dont on parle beaucoup moins depuis l'affaire du bac S...

Bernard Galin