Publié le Mercredi 3 avril 2024 à 09h59.

Contre le « choc des savoirs », le bloc des solidarités

L’intersyndicale éducation (CGT Éduc Action, FO, FSU, Sud Éducation et localement des sections de l’UNSA et de la CNT avec le soutien de la FCPE) appelait à la grève mardi 2 avril contre la mise en œuvre du « choc des savoirs » et sa concrétisation : le tri des enfants de la maternelle jusqu’au lycée.

 

Il n’a échappé à personne que cette réforme portée par Gabriel Attal a fait l’unanimité du monde de l’éducation, personnels (y compris de direction), chercheurs et chercheuses en sciences de l’éducation, ­fédérations de parents d’élèves.

Prendre nos responsabilités : bloquer la mise en application du « choc des savoirs »

Peu importent les exemples du monde entier, l’expérience du terrain, la réflexion sociologique ou la défense de principes de solidarité, Attal et son gouvernement ont raison envers et contre tout. Les décrets de mise en œuvre de cet imbroglio, mélange de pragmatisme (masquer les coupes budgétaires dans un service public vital) et d’idéologie pure (maximiser la machine de tri social qui doit former d’une part des élites et d’autre part des exécutantEs dociles) ont donc été publiés en catimini le dimanche 17 mars. Il reste maintenant à en bloquer la mise en application, et comme d’habitude c’est sur celles et ceux qui sont sur le terrain qu’en retombe la charge. Et ce n’est qu’exercer notre sens des responsabilités. La preuve, l’enseignement privé a déjà fait savoir qu’il ne mettrait pas forcément en œuvre le « choc des savoirs », mais il est vrai que le tri social y est déjà largement pratiqué au nom de la « liberté d’enseignement » payée par les fonds publics.

Un effet sur l’ensemble du parcours scolaire

Avec ce « choc des savoirs », ce ne sont pas seulement les horaires et l’organisation des collèges qui vont être impactés mais aussi tout le système éducatif : renforcement du système d’évaluations obligatoires et liquidation de la liberté pédagogique à l’école primaire, incitation aux professeurEs des écoles d’intervenir au collège sur les groupes de niveaux alors qu’il manque d’enseignantEs dans les écoles, retraits d’heures et de postes en lycées, cursus séparés en lycée pour les élèves n’ayant pas le brevet des collèges. Sans compter les effets psychologiques des quatre années de formatage et ségrégation entre « faibles », « moyens » et « bons » sur les enfants et la mise sous pression des parents qui se ­répercuteront immanquablement sur l’ensemble du système scolaire, et en premier lieu sur celles et ceux qui y travaillent.

Reconduire et gagner

Alors que le gouvernement allume tous les contrefeux possibles (piratages des espaces numériques de travail, campagne sur les « atteintes à la laïcité » avec en point d’orgue le soutien au proviseur de Ravel et les poursuites judiciaires contre une élève), alimentant délibérément l’islamophobie, il est vital d’imposer la visibilité du refus absolu de mettre en œuvre ce « choc des savoirs ». Les initiatives se multiplient dans les départements : enseignantEs en coordination avec les parents organisent des opérations écoles mortes, expliquent inlassablement les conséquences immédiates dans l’organisation des collèges et les effets à plus long terme pour les enfants. Des actions dans les localités et les quartiers, des appels à la reconduction de la grève après le 2 avril émergent. La construction de ces solidarités, expression du besoin d’un autre projet pour l’école et les enfants, doit être relayée par la construction d’initiatives nationales par l’inter­syndicale, en s’inspirant de la mobilisation qui se poursuit dans le 93.