Publié le Jeudi 2 juin 2022 à 13h00.

Dans les lycées de Blois, on n’éduque pas, on surveille !

Lors du dernier conseil d’administration, Lauxire, le principal d’Augustin-Thierry, le plus important lycée de Blois, a proposé la mise en place de 16 caméras de surveillance dans l’établissement. Le vote sera proposé au prochain conseil en juin. Contre le flicage des lycéenEs et des personnelEs, la réaction n’a pas tardé à se faire entendre !

Cette surveillance des élèves est justifiée par quelques dégradations et déclare vouloir réduire le travail supplémentaire et pénible que cela implique pour les agentEs et les membres de la Vie scolaire. Si cet argument pouvait s’entendre, il s’accompagne plutôt d’un refus d’embaucher et d’améliorer les conditions de travail des AED et des agentEs d’entretien. Ainsi ce sont trois postes qui ont été supprimés l’an dernier dans ce lycée, une tendance nationale depuis des années. Si les dégradations sont plus nombreuses aujourd’hui qu’auparavant c’est dû à la disparitions de ces postes. Les caméras n’endigueront jamais le problème qui est également un problème social. On n’imagine pas une caméra accompagner un élève et lui venir en aide.

La mission pédagogique : surveiller et punir

Le rôle d’un lycée est d’éduquer et de conduire à la responsabilité des élèves. Pourtant le proviseur, loin de cet objectif pédagogique, préfère mettre en place des caméras. Et que permettront-elles ? De faire baisser les le nombre de dégradations ? De retrouver les élèves concernés ? C’est loin d’être une certitude. Les caméras coûteuses seront à leur tour l’objet de dégradations. Rien n’indique que leur présence ne sera pas l’objet d’un déplacement des problèmes.

Mais plus encore que les arguments utilitaires fallacieux de Lauxire, c’est tout le système de surveillance qui est à contester, il participe au flicage des élèves d’une part mais également à celui de tous les personnelEs du lycée et alimente un climat étouffant de suspicion. La mise en place de caméras aujourd’hui ouvre la brèche à un développement d’une politique autoritaire au sein du lycée et si les lycéenEs sont les premierEs concernéEs, il ne tardera pas à ce que cela devienne une surveillance systématique de tous les acteurEs d’Augustin-Thierry. Aucun garde-fou ne sera suffisant.

Aujourd’hui un lycée, demain le monde

Lauxire fait le pari de la surveillance plutôt que celui de l’éducation. C’était déjà le cas de Blanquer avant lui. Mais les élèves comme les enseignantEs refusent d’être surveilléEs en permanence. Pour cela ils et elles ont commencé à se mobiliser pour empêcher que Lauxire accomplisse son fantasme délirant autoritaire et capitaliste ! Un tract en direction des lycéenEs et des personnelEs du lycée a été largement diffusé avec le soutien des militantEs du NPA Jeunes 41 et une pétition a été mise en ligne récoltant à ce jour 250 signatures.

Du côté du personnel, la CGT Éduc’action s’est aussi emparée de la lutte en faisant connaître la problématique des caméras à l’ensemble des personnelEs de l’établissement et en préparant une mobilisation face au vote du CA de juin.

Face à la polémique grandissante, Lauxire n’a pas eu d’autre choix pour étouffer l’affaire que de recevoir les lycéenEs engagéEs contre l’installation des caméras en leur proposant de créer un sondage sur Pronote, moyen pour lui de cadenasser le débat à la sphère interne du lycée. ConscientEs que le rapport de forces ne peut s’exprimer qu’en public, les lycéenEs continuent de lutter en interne et à l’extérieur du lycée contre cette proposition délirante.