Depuis la rentrée, le rectorat de Versailles et le ministère s’acharnent sur le lycée Joliot-Curie de Nanterre. Le 5 septembre, Kai Terada, professeur de mathématiques dans l’établissement, co-secrétaire départemental de Sud Éducation 92, animateur du Réseau européen sans frontières et initiateur de nombreuses luttes dont la grève contre la sortie des lycées de la carte de l’éducation prioritaire, apprend sa suspension.
Le 22 septembre, Kai Terada reçoit un arrêté de « mutation dans l’intérêt du service » rédigé par la rectrice de Versailles. Les considérants accompagnant l’arrêté ne laissent aucun doute : il s’agit bien d’une répression anti-syndicale. Il lui est reproché d’empêcher « la continuité du service public » (autrement dit, faire grève), d’exercer une activité « en dehors des instances de dialogue social de l’établissement ou de l’exercice normal d’une activité syndicale ». Par cette attaque sans précédent, l’Éducation nationale prétend régenter, en tant qu’employeur, ce que serait « l’exercice normal d’une activité syndicale ».
Le lendemain, les collègues du lycée apprennent de la voix de la rectrice la venue d’une équipe d’inspecteurs chargés de « rétablir la sérénité dans l’établissement ». En réalité, une véritable mise sous tutelle. La rectrice affiche d’ailleurs la couleur : il s’agit d’en finir avec les classes moins chargées obtenues par la lutte des personnelEs et des élèves et de faire en sorte que le lycée rentre dans le rang.
14 jeunes en garde à vue
Le lundi 10 octobre, les lycéenEs organisent un blocus sur 3 revendications très claires : le rétablissement de l’aide aux devoirs, supprimée depuis la rentrée faute de moyens ; la fin des méthodes autoritaires de la direction, notamment la décision unilatérale d’interdire les vêtements amples (une mesure se plaçant dans le cadre de la campagne raciste lancée par le ministère contre les abayas) conduisant à ce que des élèves se voient interdire d’accès l’établissement ; enfin, le soutien à Kai Terada et la demande de sa réintégration sur son poste au lycée. Le mardi 11 octobre, la police, avec un arsenal répressif impressionnant (LBD, grenades lacrymogènes, matraques…) charge très violemment le blocus. Un élève est blessé et transporté à l’hôpital, tandis que 14 jeunes sont placés en garde à vue. Le lendemain, ce sont 8 autres jeunes qui sont arrêtés et placés en GAV.
Le ministre Pap Ndiaye montre lui-même son implication dans cette répression. Il refuse de répondre au recours hiérarchique déposé par Kai contre sa suspension. Et, le 16 octobre sur LCI, il apporte son soutien total au rectorat de Versailles et confirme la mutation de Kai Terada, prétendant que ces mesures sont prises dans le but de « ramener un climat de sérénité dans l’établissement ».
Solidarité avec le collectif des répriméEs de l’Éducation nationale
Face à ce déchaînement répressif, les personnelEs de l’éducation réagissent. Le 21 septembre, un premier rassemblement a lieu devant le ministère de l’Éducation nationale. Le 11 octobre, le collectif des répriméEs de l’Éducation nationale, soutenu par l’intersyndicale SNES-CGT-FO-Solidaires, appelé à une journée nationale de grève contre la répression dans l’éducation. Ce jour-là, plus de 26 rassemblements ont lieu sur le territoire. À Paris, plusieurs centaines de grévistes se rassemblent devant le ministère. Ils se rendent ensuite devant le commissariat de Nanterre pour exiger la libération des lycéenEs mis en GAV le matin.
Et ils continueront, car c’est bien par la grève et la mobilisation que nous pourrons faire reculer le ministère et ses rectorats aux ordres.