Alors que plusieurs dizaines de milliers de personnes (personnels de l'éducation et parents d'élèves) ont manifesté samedi 30 mars un peu partout dans le pays contre sa loi dite « de la confiance » et que la grève commence à s'enraciner parmi les professeurEs des écoles dans plusieurs départements, Blanquer se répand dans les médias pour affirmer que « la mobilisation se base sur des intoxications données par certains »…
Pour Blanquer, c'est donc parce que « certains » (comprendre les organisations syndicales) délivrent de fausses informations que la colère monte depuis plusieurs semaines dans le secteur de l'éducation. Il n'hésite pas à parler d'un « festival de bobards » en affirmant la main sur le cœur par exemple que les « directeurs d'école ne sont pas menacés », bien au contraire...
Plus c’est gros…
Décidément, entre Macron qui affirme que la militante d'Attac gravement blessée à Nice n'a pas été en contact avec les policiers et Blanquer qui soutient que la mise en place des « établissements publics des savoirs fondamentaux » va « renforcer les directeurs d'école et les écoles primaires rurales », les mensonges sont de plus en plus gros du côté de ce gouvernement ! C'est une preuve évidente de la difficulté dans laquelle se trouve désormais Blanquer au vu de l'impopularité croissante que suscite sa loi. Il se retrouve à la fois face à un front d'opposition syndicale inédit depuis de nombreuses années et face à une explosion de la colère accumulée par les personnels au fil des réformes précédentes des ères Sarkozy et Hollande.
Face à Blanquer qui déclare la guerre, tous et toutes « déter » !
Ce sont les enseignantEs du premier degré qui sont désormais à la pointe de la mobilisation avec des mouvements de grève reconductible amorcés dans plusieurs départements (en Loire-Atlantique, à Paris, en Haute-Garonne, dans les Deux-Sèvres…), mais aussi avec une profusion d'assemblées générales de secteurs, d'actions et d'occupations d'écoles menées en lien avec les parents d'élèves. Une prochaine journée nationale de grève est prévue jeudi 4 avril, et l'idée commence à germer dans les têtes que, cette fois, ce serait bien de ne plus multiplier les « journées saute-moutons » mais d'y aller pour de bon, même si à partir du 6 avril, un tiers des académies sera en vacances scolaires. Des liens se tissent de nouveau, comme en 2003, entre collègues du premier et du second degré au gré des manifestations, des assemblées où le réflexe de voter la grève à main levée revient en force après une longue interruption. Il est par contre impossible de ne pas regretter le décalage dans le temps entre les mobilisations dans les lycées qui se sont déroulées l'automne et à l'hiver dernier et celles qui se déroulent actuellement dans les écoles primaires. Chacun lutte le dos au mur quand il subit directement l'attaque alors que le projet de Blanquer pour le service public d'éducation est global et totalitaire dans sa volonté de détruire ce qu'il reste du service public d'éducation.
Développer, coordonner
C'est pour cela qu'il faut absolument développer les liens à la base, secteur par secteur, puis impulser des coordinations à l'échelle des communes et des départements, dans la perspective de mettre en place une coordination nationale pour proposer une stratégie de lutte gagnante alternative à celle des directions syndicales. Il y a effectivement urgence à passer un cap dans la mobilisation. À l’heure où nous écrivons, nous ne connaissons pas le niveau de mobilisation qui sera atteint lors de la grève nationale de ce jeudi. Mais nous connaissons en revanche la voie à suivre : seule une grève reconductible de toute l’éducation, de la maternelle à l’université, permettra d’imposer le retrait de toutes les reformes Blanquer.
Marie-Hélène Duverger