Najat Vallaud-Belkacem, Valls, Hollande, tous sont montés au créneau pour défendre leur réforme du collège. Les décret et arrêté, validés par le conseil supérieur de l’Éducation devraient en être publiés fin mai. C’est une attaque majeure contre le service public de l’Éducation nationale.
Sarkozy et des parlementaires de droite ou du centre, divers commentateurs, se sont insurgés contre la réforme. Mais leurs critiques portent sur quelques aspects qui masquent l’enjeu véritable de la réforme : l’autonomie des établissements, leur mise en concurrence, faire voler en éclats tout cadre national des horaires, des programmes et des diplômes.Najat Vallaud-Belkacem prétend que « l’accompagnement personnalisé et le travail en petits groupes seront renforcés ». Mais comment, avec seulement 4 000 postes supplémentaires alors qu’il y a plus de 7 000 collèges en France ?Même bluff sur la deuxième langue vivante en 5e, alors que les heures sont diminuées en 4e et 3e, que les classes bilangues ou européennes ainsi que le latin et le grec en tant que disciplines sont supprimés.
Autonomie sur les horaires et les programmesMais le cœur de la réforme est ailleurs : l’affectation de plus de 20 % de la dotation horaire serait définie au sein même des établissements. Du temps auparavant dédié à l’enseignement des disciplines serait consacré à un « accompagnement personnalisé » (AP) ou aux « enseignements pratiques interdisciplinaires » (EPI). Le volume des enseignements disciplinaires diminuerait ainsi de près de 500 heures sur l’ensemble de la scolarité d’un collégien. Chaque établissement pourrait décider du contenu des EPI dans le cadre de huit thèmes raccordés au socle commun de compétences. C’est une brèche de taille dans le principe de programmes nationaux, globalement identiques pour tout le monde.Sont également prévus la globalisation en 6e des enseignements scientifiques et le rapprochement des disciplines artistiques qui pourraient être enseignées sur un semestre. Autant d’économies budgétaires en perspective.De plus les horaires de cours de 5e, 4e et 3e seront modulables localement sur le cycle, l’organisation des enseignements étant « fixée par le conseil d’administration ».En parallèle, les projets de programmes par cycles constituent l’application de cette réforme : ils réorganisent les enseignements non plus en fonction d’objectifs de connaissances dans les disciplines, de savoirs, mais suivant l’approche par compétences. Celles-ci, dites transversales, correspondent davantage aux attentes du marché du travail.Une telle logique implique une définition locale des programmes. Les enseignantEs seraient soumis à la multiplication des réunions facilitée par de nouveaux décrets sur le statut, leur liberté pédagogique serait sévèrement remise en cause.Stopper la politique du gouvernement, lui infliger une défaite La « refondation » Peillon-Hamon-Vallaud-Belkacem est fondée sur l’autonomie des établissements et les projets locaux, un moyen pour le gouvernement de faire des économies, et organise la mise en concurrence des établissements, avec à la clef une explosion des inégalités entre les établissements, entre les élèves. Ce n’est pas nouveau : la réforme des rythmes scolaires en 2013 transférait le financement de certaines activités scolaires aux frais des communes, et la réforme de l’éducation prioritaire en décembre dernier sonnait la fin du « donner plus à ceux qui ont le plus besoin ».Cette politique forme un ensemble cohérent qui menace toute l’éducation nationale. Tout doit être entrepris pour la stopper. Cela commence par ne pas participer aux « concertations » avec le gouvernement. Les syndicats doivent organiser le boycott de la consultation sur les nouveaux programmes et en exiger le retrait. Une large intersyndicale appelle à la grève le 19 mai pour le retrait de la réforme. La réussite de cette journée est décisive. C’est par leur propre mobilisation que les enseignantEs, mais aussi les parents d’élèves, pourront faire entendre leur voix, contre la propagande gouvernementale et les discours réactionnaires de l’UMP et du FN.Il s’agit aussi de préparer la suite. Si nous voulons obtenir le retrait de cette réforme, il faudra s’engager dans une mobilisation de type grève reconductible qui fasse converger les luttes qui ont lieu depuis plusieurs mois dans l’éducation. Ainsi, en Seine-Saint-Denis, une intersyndicale du premier degré, dont le SNUipp (majoritaire), appelle les primaires et maternelles à rejoindre la grève de ce mardi 19 sur la revendication de moyens supplémentaires.De cette façon, il sera possible de construire dès ce 19 mai la mobilisation unitaire contre le gouvernement afin de lui infliger une défaite.Commission Éducation nationale