La situation générale a changé avec l’annonce, ce samedi, de l’application du 49.3, mais la préparation depuis un mois de l’arrêt des facs et labos le 5 mars ne reste pas moins quelque chose d’important. Notamment car, jusqu’à l’annonce du passage en force du gouvernement, la date du 5 mars, à l’initiative un secteur mobilisé depuis plus de 2 mois apparaissait comme palliant l’absence de rendez-vous de l’intersyndicale,.
Cette date de mobilisation se pose dans un contexte particulier pour les personnels de l’enseignement supérieur et de la recherche. La mobilisation contre la réforme des retraites, couplée à celle, sectorielle, de lutte contre la loi de programmation de la recherche (LPPR) a permis de constituer un collectif de lutte important (« Facs et Labos en luttes ») et de mettre en avant nos revendications pour l’amélioration de nos conditions de travail. Car face à un sous-investissement dans la recherche (moins de 1% du PIB), les personnels de l’ESR ont vu leurs conditions de travail se dégrader depuis des années (baisse du nombre de postes, augmentation des appels à projet et donc baisse des financements pérennes, recours aux contractuelEs, utilisation de classements bidons pour l’évaluation, etc.). Et les lois qui arrivent (retraite et LPPR) vont aggraver la situation en apportant encore plus de précarité. La proposition de « chaire de professeur junior » n’est rien d’autre qu’une copie des « tenure-track » en place aux USA, qui signifient six ans supplémentaires avant d’obtenir un poste titulaire. Sachant que, dans la situation actuelle, on obtient en France un poste titulaire vers 34-35 ans en moyenne !
Une mobilisation qui réunit une nouvelle génération de militantEs
Dans le mouvement actuel, des expériences intéressantes et utiles ont pu émerger. Depuis le début de la mobilisation, de nombreux groupes se sont créés autour de la précarité dans la recherche, que se soit en région parisienne ou ailleurs en France. Ces collectifs regroupent des personnes de différentes disciplines (lettres, sciences humaines et sociales ou sciences « dures »), qui ne se retrouvent plus dans le syndicalisme traditionnel mais recherchent des cadres d’organisation. Ces nouveaux cadres ont permis de rendre visible la précarisation croissante des métiers de l’enseignement supérieur et de la recherche (ESR) (40% de précaires, en moyenne, dans les facs), qui se couple avec la diminution des postes permanents (-50% d’ouvertures de postes en 10 ans). Les précaires représentent une grande part des personnels mobilisés (la moitié de celles et ceux qui étaient présents à la première coordination nationale, début février), et font partie des groupes les plus actifs pour l’organisation de la grève.
Une préparation difficile
Depuis la première coordination des facs et labo en lutte, l’objectif militant que nous nous sommes fixés est de réussir une grande journée de grève dans notre secteur et à poser la question de la reconduction. Le bilan, à quelques jours de l’échéance, est une semi-réussite : une grosse journée de mobilisation en perspective avec au moins deux facs dont la présidence à banalisé la journée (sous la pression des mobilisations locales), mais pas de facs suffisamment mobilisées pour l’instant pour partir en reconductible de manière significative. Cet objectif volontairement ambitieux ne sera probablement pas atteint notamment de l’isolement de la mobilisation des personnels de l’ESR, tant du fait de la baisse de mobilisation globale contre la réforme des retraites que du manque de mobilisation des étudiantEs.
Dans ce contexte global, nous devons continuer à mobiliser les collègues pour défendre nos conditions de travail et une autre vision de la recherche. Et dans ce cadre, nous serons présents à toutes les mobilisations contre la réforme des retraites et le 49-3.
Nous avons encore 5 jours pour mobiliser, bloquer les facs et les labos, manifester et ainsi les faire reculer. TouTEs dans la rue le 5 mars !