Dès le début du mouvement Bloquons tout, l’assemblée générale de l’UT2J (Université Toulouse - Jean Jaurès) a ancré ses revendications dans un contexte local. En effet, depuis le début de l’année, Emmanuelle Garnier, la présidente de l’université, coupe dans le budget.
Alors que l’UT2J est en situation de déficit, la présidente assume ces attaques contre les droits des étudiantEs et des travailleurEs. Les premierEs concernéEs manifestent une vive opposition.
Précarisation de la communauté universitaire
La première de ces attaques fut la mise en place de frais d’inscription de 10 000 euros pour les étudiantEs du master MISS (Master Intervention sociale Solidarités Sociologie). Ce master accueille des travailleurEs précaires en reprise d’études. Puis, en fermant la filière D-TIM (Département de Traduction, d’Interprétation et de Médiation), la seule formation de traduction et d’interprétation de la langue des signes française du pays, elle précarise et isole directement les personnes sourdes et muettes.
Les attaques s’étendent aux personnels : en réduisant de 50 % le renouvellement des postes d’enseignantEs titulaires pendant trois ans, Garnier installe un plan social qui ferme des dizaines de postes d’enseignants statutaires à l’université. Cela entraînera forcément des fermetures de places d’étude. Certaines tâches seront données à des personnels précaires, dégradant leurs conditions de travail.
Enfin, Garnier s’attaque à tout le système éducatif. La présidente profite de la réforme du CAPES pour fermer le master qui formerait les futurEs professeurEs aux non-lauréatEs du CAPES. Cette formation serait ainsi une entrave même au droit de continuer les études et réduirait le nombre de personnes pouvant travailler dans l’éducation publique, un secteur essentiel déjà en déficit de personnels.
Cependant, la présidence décide de créer des formations pour former aux futurs métiers de la guerre.
Une réponse forte
Face à toutes ces attaques, la communauté universitaire du Mirail se mobilise lors des journées du 2 et du 9 octobre : l’UT2J fut bloquée malgré la répression. La police était présente à la sortie du métro dès 6 h 30, contrôlant les personnes sortant du métro. Puis la sécurité de l’université a violenté des manifestant·es. La fac fut quand même intégralement bloquée.
Pendant ce temps, l’intersyndicale a fait un très gros travail pour faire connaître les coupes budgétaires aux personnels. Le 14 octobre, une AG des personnels réunissant plus de 300 personnes a voté contre ce plan social et a appelé à débrayer les cours le jour même, ainsi qu’à deux journées de grève les jeudi 16 et mardi 21 octobre.
L’AG étudiante simultanée a décidé de se joindre au débrayage des cours voté par l’AG des personnels et a finalement bloqué l’université, en discutant largement avec les étudiantEs et les personnels sortant des bâtiments. L’AG étudiante, tenue lors du maintien du blocage le lendemain matin, a regroupé 150 personnes, dont une majorité n’ayant pas encore participé au mouvement. Les nombreux points d’info, les tractages et les interventions dans les cours ont permis à de nombreux étudiantEs de s’impliquer et de venir soutenir le piquet de grève appelé par les personnels le jeudi 16 octobre.
L’AG du jeudi a réuni près de 400 personnes, montrant que les moyens d’action combinés fonctionnent.
La journée du 21 octobre montre une mobilisation ascendante, avec plus de 500 personnes en AG le matin et autant en manifestation devant le rectorat. Cette manifestation a permis de se lier avec le mouvement social de l’INSPE Toulouse (Institut national supérieur du professorat et de l’éducation). Cette composante de l’UT2J, formant les futurEs employéEs de l’éducation, est frappée de plein fouet par la réforme du CAPES. Réunissant 200 personnes en AG le 17, iels ont décidé d’un rassemblement devant le rectorat le jour même et de se joindre aux mouvements de l’UT2J du 21 octobre. Le cortège de l’UT2J a donc marqué un arrêt devant l’INSPE afin de donner la parole aux étudiantEs mobiliséEs.
Alors que 70 % des facs connaissent des coupes budgétaires similaires, une mobilisation collective est importante. L’UT2J lance un appel à la mobilisation dans toutes les universités en novembre.
Contre les coupes budgétaires, récupérons nos facs !
Thomas Rid, Léon Balmat