Après la journée de grève et de manifestations réussie du 19 mai, au cours de laquelle les enseignantEs des collèges étaient majoritairement en grève, la volonté d’en découdre était bien visible...
Beaucoup ont pris la publication des décrets le jour suivant comme une provocation et parmi eux, un certain nombre ont exprimé leur colère vis-à-vis du gouvernement en disant par exemple dans les salles des professeurEs « plus jamais je ne voterai PS ! ». Aussi, lorsque l’intersyndicale n’a pas annoncé de suites rapides dans les jours suivant, la déception et l’incompréhension étaient souvent sensibles dans les rangs des grévistes.L’intersyndicale s’est un peu faite « avoir » par le SNALC (syndicat autonome classé à droite) car les syndicats « de transformation sociale » offrant une cadre unitaire plus habituel (CGT, FO, SNES-FSU et Sud-Solidaires) ont sursis à l’annonce d’une nouvelle journée de grève face à l’annonce du SNALC de vouloir « boycotter » les épreuves du diplôme national du brevet des collèges. C’était sans doute une erreur. Il aurait mieux valu marginaliser ce syndicat, en se distinguant du même coup de l’opposition de façade de la droite et du FN, et annoncer des suites rapides, pour étendre la mobilisation en donnant rapidement aux luttes des possibilités de reconduction et de coordination, plutôt que de tarder.
Une nouvelle journée de grève, une nécessitéQuoiqu’il en soit, l’intersyndicale est restée unie pour le retrait et l’annonce de la journée du 11 juin a été bien accueillie. De plus, la volonté de « rythmer » la mobilisation avec une journée d’information du public le 4 juin montre une certaine volonté de ne pas lâcher. Cette journée n’a pas eu l’écho voulu et sa semi-réussite est sans doute due à l’absence d’appel à la grève : en effet, comment agir sans se libérer du temps ? La vie des établissements est dense à cette période de l’année (conseils de classe, épreuves d’histoire des arts…), et dans ce cadre, il est difficile pour les personnels de trouver le temps de diffuser des tracts aux parents, sur les marchés, etc. sans être en grève.Le 11 juin est donc nécessaire et bienvenu. Il permettra à toutes celles et ceux qui se sont exprimés le 19 mai d’en « remettre une couche » et d’élargir la mobilisation à des personnes qui n’avaient pas fait grève précédemment.La reconduction de la grève et de son extension à certains établissements encore peu mobilisés devra être posée dès que possible au sein d’assemblées générales qui doivent se tenir dans beaucoup de villes. Ce sera sans doute difficile, car beaucoup d’enseignantEs sont à cette période de l’année « sur les rotules », et nous savons touTEs que les mobilisations demandent beaucoup d’énergie. Les congés d’été vont vite arriver et pour la rentrée, l’intersyndicale devra annoncer une grève de rentrée pour le retrait de la réforme. De ce point de vue, il est inquiétant de voir qu’une invitation de la ministre de l’Éducation nationale à une réunion ce mercredi 10 juin a été acceptée par l’intersyndicale, sans savoir ce qui en sortira à l’heure ou nous écrivons ces lignes. Il est à souhaiter que l’unité syndicale ne s’en trouvera pas fissurée...
Camille Sediart