La Loi de la programmation de la recherche (LPR) vient d’être définitivement adoptée par le Parlement suite au vote du Sénat de ce vendredi 20 novembre. Cela malgré la mobilisation des personnels et des étudiantEs qui continue, notamment le rassemblement de plus de 1200 personnes à Paris et l’appel à une journée de mobilisation le 24 novembre. La colère gronde dans la communauté universitaire, qui ne s’est toujours pas arrêtée depuis la mobilisation de l’hiver dernier : les personnels mobilisés de l’ESR ne lâchent rien et défendent le service public de l’université.
Destruction de l’université publique
La qualification par le CNU supprimée (c’est-à-dire une dérégulation du marché du travail universitaire), la poursuite de la précarisation avec la généralisation des contrats courts pour les jeunes chercheurEs, la baisse renforcée des budgets, le renforcement de l’autonomie des universités qui va accroitre encore les inégalités entre elles et accentuer l’arbitraire à l’embauche, la logique néolibérale d’appels à projets qui achèvera la recherche sur le temps long et va fragiliser le travail des chercheuEs notamment en sciences humaines… La LPR étend aux enseignantEs et aux chercheurEs la dégradation des conditions d’emploi déjà largement subie par les BIATOSS. Tout converge pour parachever la destruction de l’université publique qui s’aligne ainsi sur la logique entrepreneuriale.
Pourtant, cette loi avait déjà suscité une colère unitaire à un niveau inégalé dans l’ESR depuis 2009. Le confinement de mars-avril a atténué un temps la cocotte universitaire dont le couvercle allait sauter… Et pourtant : le projet de loi adopté va encore au-delà des pires scénarios.
Les différentes attaques ces dernières semaines sur la liberté académique d’enseigner, l’offensive infâme teintée de racisme de différents ministres contre le prétendu islamo-gauchisme des universitaires devenus complices du terrorisme, ont préparé le terrain à une criminalisation de l’enseignement supérieur. Ainsi, les occupations des facultés, pourtant élément crucial d’action des mouvements étudiants ces dernières années, relèveront désormais du pénal, avec l’incarcération (jusqu’à 3 ans !) des étudiantEs rebelles ; les étudiantEs étrangers pourront à cet égard être expulsés.
Journée de mobilisation le 24 novembre
Pendant ce temps, la précarité étudiante explose : unE étudiantE sur deux est salarié au moins une partie de l’année, souvent dans de mauvaises conditions. Nombreux et nombreuses sont celles et ceux ayant fait les frais des licenciements (honteusement facilités par les macronneries) pour maintenir les profits.
À l'heure où de plus en plus d'étudiantEs déclarent sauter des repas faute d'argent, l'absence de matériel informatique adapté les exclut évidemment des cours virtuels imposés du fait de la crise du covid, dans un isolement et une détresse psychologique… Alimenté par le stress d’une reproduction sociale impitoyable et d’un avenir qui se noircit. Les enseignantEs sont dépossédés de leur métier (la pédagogie) au profit de la technique (gavant les géants polluants du numérique), sans moyens matériels ni compensations des surcoûts.
Mais ce gouvernement odieux profite du choc de la crise sanitaire et économique pour offrir l’université à ses compagnons grands patrons. Depuis, les décisions absurdement néolibérales ont aggravé la situation, des personnels soignants comme des étudiantEs, d’un point de vue sanitaire comme économique.
Et si nous nous mettions en grève pour reprendre le contrôle sur nos conditions de travail et d’étude ? Et si on alliait écrans noirs, boycott des examens, reprises de parole et de rue ? Pour cela, nous relayons et soutenons l’appel de l’intersyndicale à participer à la réunion nationale de Facs et Labos en Luttes le 23 novembre et à une journée de mobilisation le 24 novembre.
Personnels, étudiantEs, nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes et notre propre rapport de forces pour bloquer la funeste LPR !